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Kisser ne laissera pas un obstacle de plus l’empêcher de se tailler une place dans l’équipe des Championnats panpacifiques

Articles de fond –

Par Jim Morris

Danielle Kisser s’était à peine remise en selle qu’un autre obstacle se posait devant elle.

Cet hiver, Kisser, qui est atteinte de nanisme achondroplasique, semblait s’être remise de l’intervention subie en 2014 pour redresser ses jambes. Elle avait déménagé à Montréal pour s’entraîner au Centre de haute performance – Québec et réalisait ses meilleurs temps.

Puis, le destin a décidé de mettre encore une fois la résilience de la nageuse de 21 ans à l’épreuve. Kisser a subi deux commotions en trois mois, soit un obstacle de plus sur le chemin du retour de la nageuse dans l’équipe nationale.

« Cela m’a appris la persévérance, et j’ai pu me rendre compte à quel point je suis compétitive », raconte Kisser, qui fait partie de l’équipe canadienne de 18 membres qui concourra aux Championnats panpacifiques, qui se dérouleront du 9 au 13 août à Cairns, en Australie. « J’ai une grande confiance en moi-même. »

Chaque session sera retransmise en direct sur le site web, la page YouTube et la page Facebook de Swimming Australia. Natation Canada donnera des nouvelles en direct sur sa page Twitter pendant la compétition.

Mike Thompson, entraîneur-chef du centre du Québec, secoue la tête lorsqu’il parle des « difficultés et des défis » auxquels Kisser au dû faire face au cours des quatre dernières années.

« Elle est la personne la plus résiliente avec laquelle j’ai eu à travailler », raconte Thompson. « Dee est le parfait exemple d’une personne qui a vécu des choses difficiles. »

Kisser détient quatre records canadiens dans la catégorie S6. À 14 ans, elle a remporté la médaille de bronze au 100 m brasse aux Jeux parapanaméricains de Guadalajara 2011. L’année suivante, elle a raté par moins d’une seconde sa qualification pour les Jeux paralympiques de Londres 2012 au 100 m brasse.

À l’automne 2014, Kisser a subi une double ostéotomie aux jambes. Comme cela arrive souvent chez les personnes atteintes de nanisme, les jambes de Kisser avaient commencé à se tourner vers l’extérieur, et elle ressentait des douleurs aux genoux.

L’intervention consistait à sectionner le tibia et le péroné, à installer des vis et à réaligner la cheville avec le genou. Cette intervention a été réalisée en octobre au BC Children’s Hospital, et Kisser a dû utiliser un fauteuil roulant jusqu’en janvier.

« C’était tout un défi de réapprendre à marcher », raconte Kisser.

N’ayant pas terminé sa rééducation, Kisser n’a pu se qualifier pour les Jeux parapanaméricains de Toronto 2015. Elle a participé aux essais pour les Jeux paralympiques de Rio 2016, mais n’a pas réussi à se tailler une place dans l’équipe.

Kisser décrit cette période de sa vie comme étant « assez frustrante » et « très difficile ».

« Nager, c’est tout ce que je faisais », ajoute la native de Delta, en Colombie-Britannique. « Cela m’a pris beaucoup de temps pour accepter de ne pas faire partie de l’équipe et pour trouver d’autres centres d’intérêt tout en poursuivant mon entraînement. »

« J’ai dû me rappeler pourquoi j’aimais autant nager. Ce n’était pas uniquement pour le succès, mais pour l’ambiance, l’entraînement, l’équipe et les amis. C’est ce qui m’a aidée. »

En septembre 2016, Kisser a pris la décision de déménager à Montréal et de s’entraîner avec Thompson. Le fait de se retrouver dans la piscine avec d’autres paranageurs et de tirer profit des ressources du centre a été la première étape sur le chemin du retour dans l’équipe nationale.

« C’est vraiment super de pouvoir m’entraîner avec mes anciens coéquipiers de l’équipe nationale », affirme Kisser. « Nous avons le même objectif. C’est formidable de partager la piscine tous les jours avec des personnes qui sont heureuses d’y être. »

La compagne de chambre de Kisser est Tess Routliffe, médaillée d’argent des Jeux de Rio, qui est également une personne de petite taille.

« Nous essayons de passer à travers ce que nous visons ensemble », indique Kisser. « Nous vivons les mêmes choses pendant la même période, et c’est merveilleux d’avoir quelqu’un sur qui on peut s’appuyer. »

Lorsque Kisser a rejoint le programme de Thompson, ce dernier a tout de suite changé sa technique de nage et de respiration.

« Il y avait beaucoup de travail à faire », explique-t-il. « Elle a été absente pendant près de deux ans. »

Kisser était impatiente de retrouver sa place parmi les nageurs les plus rapides lorsqu’elle a participé à un camp d’entraînement à Trinidad cet hiver. Cependant, elle a attrapé un virus pendant son séjour là-bas, et à son retour, elle a glissé sur de la glace et s’est frappé la tête sur le trottoir en sortant de son appartement.

« C’était affreux », raconte Kisser, qui a été forcée de s’éloigner de la piscine pendant trois mois. Ayant recouvré la santé, Kisser est retournée à la piscine, toutefois, après avoir glissé dans les vestiaires, elle s’est frappé la tête encore une fois. Cela lui a coûté une autre semaine d’entraînement.

Ce sont ses amis, ainsi que sa foi, qui l’ont aidée à faire face à cette situation.

« J’ai un bon groupe d’amis à Montréal », explique-t-elle. « Je fréquente une église formidable. Beaucoup de gens qui m’aident. Lorsque je ne pouvais rien faire, ils m’ont appuyée et m’ont rappelé que c’était normal de ralentir. C’était tout un défi d’apprendre à m’arrêter et de prendre une pause afin de laisser mon corps guérir. »

Thompson est heureux du retour de Kisser dans l’équipe nationale, mais dit qu’il s’agit d’une étape dans son parcours.

« Nous ne sommes pas encore prêts », affirme-t-il. « Je pense que l’année prochaine apportera encore plus de défis, et que l’année 2020 sera certainement le plus grand défi qu’elle aura à relever. Je pense que nous pouvons affirmer que nous sommes sur la bonne voie. Elle se sent probablement beaucoup plus en confiance qu’elle ne l’a été par le passé. »

Après avoir surmonté tous ces obstacles, Kisser est heureuse et attend d’un pied ferme le prochain chapitre.

« C’est une très bonne sensation », raconte-t-elle. « Ce furent quatre longues années. C’est excitant de recommencer à nager rapidement. »