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L’olympienne Barbara Jardin, gérant un diabète de type 1 et recueillant des fonds pour son retour

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Barbara Jardin est prête pour sa première compétition outremer depuis qu’elle a été diagnostiquée avec le diabète de type 1.

L’athlète de 23 ans fait partie de l’équipe canadienne de 20 nageurs à l’Universiade d’été 2015 à Gwangju, en Corée du Sud, qui débutera vendredi. La Montréalaise est rendue au point où, accompagnée par l’entraîneur du programme d’entraînement intensif Tom Rushton, elle peut voyager à travers 11 zones horaires pour participer à une première étape majeure pour quelqu’un qui a cru qu’elle aurait pu se retirer.

Même si ce n’est pas aussi relevé que les Jeux panaméricains ou les championnats du monde de la FINA, Jardin espère que l’Universiade est un pas vers un retour aux Jeux olympiques. Jardin a terminé 10e au 200 mètres libre féminin il y a trois été à Londres et son ambition est de retourner aux Jeux olympiques et d’être une modèle pour les athlètes candidats qui ont le diabète.

Jardin a entrepris une levée de fonds personnelle pour la campagne de Rio (https://makeachamp.com/barbarajardin/21956) pour couvrir les frais de sa pompe d’insuline et de ses médicaments, ainsi que son entraînement et participer aux Coupes du monde. Son objectif est de recueillir 8000$ d’ici la fin de la semaine prochaine; au moment d’écrire ceci, elle en était à plus de la moitié, mais cherchait encore du soutien.

« J’ai entrepris cette année en me disant que j’allais arrêter la natation – ‘Je ne peux pas faire cela, je suis toujours fatiguée, je ne peux pas me permettre d’avoir quelque chose d’autre qui aille mal dans moi,’ dit Jardin, qui a aussi été dans l’équipe olympique du relais 4x200m qui a terminé quatrième.

« Je n’arrêtais pas d’y penser, spécialement à une chose que ma tante, Anne Jardin, qui a gagné deux médailles de bronze aux Jeux olympiques de 1976, m’a dite. Elle était dans l’équipe pour aller aux Jeux olympiques de 1980 [à Moscou] quand le Canada a boycotté [à cause de l’invasion soviétique de l’Afghanistan]. Elle m’a dit qu’elle a regretté de ne pas avoir continué pendant quatre autres années.

« C’est ce que j’avais en tête: ‘Je dois faire cela pour moi et je dois faire cela pour les autres personnes qui croient en moi’. Je veux inspirer les gens. Je ne veux pas qu’ils me voient et disent ‘elle a abandonné’.

«Je veux continuer et inspirer les gens qui ont eu de petits problèmes en route et croire dans l’impossible. »

— Barbara Jardin

Le quintuple médaillé d’or olympique Gary Hall Jr est un exemple d’un excellent nageur qui a appris à gérer les rigueurs de la natation tout en ayant le diabète de type 1.

Jardin dit qu’elle a d’abord traversé une période de dénie qu’elle devait voir si elle avait le diabète. Différents signes fréquents – soif constante, déshydratation, surplus de sommeil – ont commencé à apparaître au début de 2014. Jardin croyait que c’était un résultat d’équilibrer son entraînement avec ses études à l’Université de Montréal. Aux championnats du Sport interuniversitaire canadien 2014, elle a eu « de la difficulté à terminer mes courses – mais j’avais beaucoup de courses à mon programme, quatre individuelles et trois relais, donc j’ai cru que la fatigue était normale. »

Jardin dit que la réaction retardée peut être particulière aux jeunes athlètes, ce qui est pourquoi elle partage son histoire.

« Je me trouvais toujours des excuses – il y a ceci, il y a cela, dit-elle. J’aurais dû aller à l’hôpital plus tôt.

« Nous sommes des athlètes. Nous disons toujours, nous sommes OK, nous sommes OK,’ mais il vaut mieux vérifier, juste en cas. »

Jardin a reçu une pompe d’insuline le mois dernier et dit qu’elle a raté seulement deux entraînements à cause des niveaux faibles de sucre et de glucose dans son sang. Elle effectue une vigilance constante sur son état tout en travaillant avec la nutritionniste Alexia de Macar et son médecin sportif, Dr Suzanne Leclerc.

« Être diagnostiquée avec cela et comprenant à quel point cela est dispendieux, je veux simplement m’assurer de ne pas m’inquiéter pour l’argent, dit-elle. Ce sont des médicaments et des aiguilles qui coûtent jusqu’à environ 350$ par mois. Je nagerai à temps plein, donc je devrai payer ma propre assurance, environ 450$ par mois. Plus Tom et je veux participer à des Coupes du monde à l’automne et faire un camp d’entraînement en Thaïlande. »

Jardin et Rushton visent les essais olympiques canadiens le printemps prochain, qui détermineront qui représentera ce pays à Rio de Janeiro aux Jeux olympiques d’été de 2016. Présentement, ils travaillent sur établir une routine dans un sport avec un très gros volume d’entraînement.

« La marge d’erreur pour elle est beaucoup plus mince, dit Rushton. Si ses niveaux de sucre et de glucose dans son sang descendent trop, ou que quelque chose va mal, nous n’avons pas la même élasticité que nous avons avec les autres nageurs.

« Au moins maintenant elle sait, ajoute Rushton. Ce n’est pas une bénédiction, mais au moins nous le savons. »

Jardin a participé aux championnats du SIC en mars, où elle se rappelle avoir eu besoin de sa coéquipière de l’U de M Katerine Savard pour l’aider à sortir de la piscine après le 400m libre. Elle a participé aux essais d’Équipe Canada à Toronto en avril pour obtenir sa place dans la formation pour l’Universiade.

« J’ai pratiquement dû la traiter comme une nouvelle athlète, dit Rushton. Elle doit réapprendre comment aller à une compétition.

« C’est amusant parce que Barbara est tellement une excellente athlète, ajoute Rushton. Elle a fait tout ce que vous pouvez faire dans le sport. Elle a participé aux championnats du monde, elle a participé à une finale olympique dans un relais. Malgré tout je suis plus protecteur d’elle que je le suis de mes autres athlètes. Je suis pratiquement comme un parent protecteur avec elle.

« C’est la grosse chose avec les Jeux mondiaux universitaires, que nous irons dans ce voyage ensembles et que nous recueillerons des renseignements sur comment elle réagit. »

Peu importe si elle monte sur les blocs à Rio, l’aventure de Jardin lui a donné un aperçu d’une carrière potentielle avant la natation. Elle était concentrée sur les sciences quand elle s’est inscrite à l’U de Montréal, pensant qu’elle pourrait aller en biologie marine. Maintenant elle pense à infirmière.

« Cela m’a vraiment ouvert les yeux, dit-elle. Quand j’ai été diagnostiquée, j’ai passé beaucoup de temps avec des infirmières pendant trois bonnes semaines. Elles me parlaient et j’ai compris que c’est ce que je veux faire – aider les gens avec le diabète, spécialement les athlètes. Si je peux leur parler de mon histoire et de mon expérience, peut être que cela peut aider. »

L’Universiade d’été 2015 se poursuivra jusqu’au 14 juillet.