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Le statut de plus jeune membre de l’équipe de paranatation en route pour Rio ne gêne pas Danielle Dorris

Articles de fond –

par Jim Morris

C’est un souvenir qui fait encore sourire Katarina Roxon.

Cette paranageuse émérite de Kippens (Terre-Neuve- et-Labrador) travaillait comme monitrice du programme CHAMP des Amputés de guerre lorsqu’elle a rencontré une petite fille enjouée de cinq ans qui s’appelait Danielle Dorris.

« Elle était pleine de vie et voulait jouer avec tout le monde, affirme Katarina. Notre travail consistait surtout à aider les enfants à se sentir acceptés. Partout où elle allait, je la suivais. »

La monitrice a perdu Danielle de vue pendant quelques années, puis elle a commencé à entendre parler d’une jeune paranageuse des Maritimes qui fracassait les records.

« Je suis ses progrès depuis », déclare Katarina qui participera à ses troisièmes Jeux paralympiques à Rio cet été. « Quand j’ai appris qu’elle avait fracassé quelques records l’an dernier, j’ai su que son parcours la mènerait loin. »

Lorsque la jeune fille de 13 ans s’est présentée aux essais de qualification olympique et paralympique à Toronto en avril, ses parents s’attendaient à ce que cela soit pour elle une occasion d’apprentissage.

« Nous avons dit à la blague à Danielle qu’elle y allait pour forcer les athlètes plus âgées à nager plus vite », déclare son père, major des Forces armées canadiennes. « Si elle ne se qualifiait pas, personne n’allait s’en faire. »

Non seulement a-t-elle poussé les autres à se dépasser, elle s’est aussi qualifiée, ce qui fera d’elle la plus jeune membre de l’équipe de paranatation du Canada. La nageuse S8 participera aux épreuves de 100 m papillon, de 200 m QNI et de 100 m dos.

« J’ai été surprise quand je l’ai appris », dit la jeune native de Fredericton (Nouveau-Brunswick) qui vit maintenant à Moncton. « Je serai probablement plus nerveuse à l’approche des Jeux.

« Pour le moment, je ne m’en fais pas trop, parce que j’ai encore d’autres compétitions qui s’en viennent. »

Danielle qui est née avec une partie de ses bras seulement, a montré à un jeune âge qu’elle aimait la compétition.

« C’est probablement dû au fait qu’elle est née avec une déficience, affirme son père. Elle est incapable de dire ‘Non’.

« Nous lui avons appris à dire : ‘Je vais essayer’ plutôt que ‘Je ne suis pas capable’. Nous la laissons toujours essayer d’abord; c’est la meilleure façon de voir si elle peut faire quelque chose ou non. »

Danielle a une jumelle qui s’appelle Roxanne.

« Elle a tout le côté arts visuels, chanson et art dramatique, explique Danielle. Moi, j’ai le côté actif, j’aime les sports et tout ce qui est physique. »

Avoir une jumelle facilite la vie quand une famille a tendance à déménager souvent.

« C’était difficile parce qu’on quittait tout le temps nos amis, dit Danielle. On s’y est fait au bout de quelques années. »

C’est à l’âge de trois ans que Danielle a commencé à nager. Elle habitait Moncton, et son père l’a inscrite à des cours à la piscine du quartier.

« Nous avons vu qu’elle avait du potentiel, parce qu’elle arrivait à suivre sa sœur », dit son père.

À l’été 2008 – Danielle avait cinq ans, la famille est déménagée à El Paso au Texas. Il se rappelle la réaction de l’instructeur de Danielle à l’époque.

« Il a dit : ‘Oh non, vous m’enlevez ma paralympienne‘ », se rappelle M. Dorris.

L’idée de participer aux Jeux paralympiques est restée dans la tête de Danielle. Pendant qu’elle était au Texas, elle a joué au soccer et fait de l’athlétisme, mais lorsque la famille est revenue à Ottawa en 2012, elle a recommencé à nager.

« Ma meilleure épreuve, c’est le papillon », dit-elle.

Certains parents pourraient s’inquiéter à l’idée qu’une enfant aussi jeune se rende à une compétition internationale de l’envergure des Jeux paralympiques. Son père se rassure en pensant qu’il y a plusieurs autres ados dans l’équipe de paranatation, dont Sabrina Duchesne, 15 ans, Tess Routliffe, 17 ans, Samantha Ryan, 16 ans et Tyler Mrak, 17 ans.

« Si elle faisait partie d’un groupe de 11 filles et que toutes les autres avaient 20, 25 ou 26 ans, je serais un peu plus anxieux » avoue-t-il.

Selon Katarina Roxon, l’équipe de natation est une sorte de famille.

« Les filles de l’équipe forment un groupe ‘tricoté serré’ », affirme l’athlète de 23 ans. « L’arrivée de quelqu’un qui n’a pas autant d’expérience que nous va rendre l’été encore plus mémorable.

« J’ai hâte de lui faire part de mes connaissances et de mon expérience. Ce sera un peu comme avoir une petite sœur. »

Katarina Roxon avait 12 ans quand elle a fait partie de sa première équipe nationale. Elle se souvient de l’accueil chaleureux que lui avait réservé la championne paralympique Stephanie Dixon – qui vient d’être intronisée cette année au Cercle de l’excellence de Natation Canada.

« Grâce à elle, je me suis sentie accueillie et intégrée à l’équipe; en plus, elle me donnait des conseils ou m’écoutait quand j’avais besoin de parler, se rappelle Katarina. C’était une vraie leader et je veux vraiment lui ressembler, surtout pendant ces Jeux. »

Quant à Danielle, le fait d’être la plus jeune membre de l’équipe ne la gêne pas du tout.

« Ça me plaît, parce que c’est une occasion de voir comment tous les autres nagent et de prendre de l’expérience, dit-elle. J’aurai probablement la chance d’aller encore aux Jeux paralympiques. »