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La paranageuse Abi Tripp s’adapte à son nouveau programme d’entrainement, utilise la méditation pour gérer sa dystonie

Articles de fond –

Par Jim Morris

Ne pas savoir était le plus difficile pour Abi Tripp.

La paranageuse de Kingston, Ont., vit avec une paralysie cérébrale depuis toujours. Peu de temps après les Jeux paralympiques de Rio 2016, elle a remarqué quelque chose de différent dans son bras droit, celui-ci avait beaucoup de spasmes.

« Ce n’était pas normal, pas normal pour moi, » a dit Tripp, qui représentera le Canada aux Championnats para-pan-pacifiques à Cairns en Australie du 9 au 13 août.

Chaque session sera retransmise en direct sur le site web, la page YouTube et la page Facebook de Swimming Australia. Natation Canada donnera des nouvelles sur sa page Twitter pendant la compétition.

« Avec ma paralysie cérébrale, j’arrivais à le contrôler, même si mon bras était fatigué. Là, mon bras faisait comme une aile de poulet. Je perdais toute ma force dans mon bras quand je nageais. »

La nageuse de 17 ans a rencontré des spécialistes et a subi une batterie de tests avant qu’on ne lui diagnostique une forme de dystonie. Ce trouble qui affecte un cas de paralysie cérébrale sur six, cause des mouvements involontaires et des spasmes musculaires.

Maintenant que Tripp connaissait d’où venait le problème, elle devait apprendre à gérer la condition. « J’étais heureuse de pouvoir mettre un mot dessus, » dit-elle. « C’est ce que je suis maintenant. Nous trouvons des façons de continuer de performer et tirer le meilleur de moi, même avec ce petit défi supplémentaire. »

Vicki Keith, qui entraine Tripp au Kingston Y Penguins Aquatic Club, dit que le premier défi était d’adapter son programme d’entrainement puisque la dystonie la rend plus à même de se blesser. « Avec le diagnostic, le médecin nous a expliqué que nous devions la protéger pour ne pas qu’elle se blesse, » a dit Keith. « Nous devons faire des ajustements pour nous assurer qu’elle a tout ce dont elle a besoin. »

Pour Tripp, moins est soudainement devenu plus en matière d’entrainement. « Elle réapprend comment s’entrainer, » a dit Keith. « Elle est le genre d’athlète qui adore s’entrainer fort tout le temps. Non seulement elle veut s’entrainer fort, elle veut que ce soit techniquement parfait.

Nous devons couper le volume d’entrainement et travailler beaucoup plus sur le technique. Nous essayons de compenser le fait qu’elle ne peut plus faire autant de distance avec le plus de travail technique possible. »

Les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas pour Abi Tripp. « Chaque jour est différent, » dit-elle. « Je ne sais pas comment mon bras sera lorsque je me présente à la piscine. Nous devons rester attentives aux sensations dans mon bras si l’on veut éviter les blessures. »

Aux Jeux paralympiques de Rio, Tripp a atteint la finale aux 100 m libre, 400 m libre et 200 m QNI, abaissant le record canadien dans les deux dernières épreuves. Elle a aussi terminé 10e aux 50 m libre et 100 m dos.

Tripp ne s’entraine plus pour le 400 m, et se concentre maintenant sur le sprint. « C’est vraiment ce que je préfère alors ça ne me manque pas. »

Le nouveau programme semble déjà porter ses fruits. Tripp a remporté le bronze au 50 m libre S8 aux Jeux du Commonwealth 2018 à Gold Coast.

Cette compétition était le premier évènement international majeur pour Tripp depuis son diagnostic. « Nous avons eu quelques problèmes au début du camp, » a dit Vince Mikuska, entraineur sénior du programme paralympique de Natation Canada. « Plus nous avancions dans le processus, moins cela devenait un problème. À la fin, nous n’en avions plus du tout. »

Aux récents Essais canadiens de natation, Tripp a réussi son meilleur temps personnel au 100 m brasse.

La flexibilité est la clé.

« Chaque jour est un nouveau jour, » a dit Mikuska. « Il faut avoir un plan A et un plan B. Il faut y aller avec les capacités de jour. »

Tripp comprend aussi de mieux en mieux les signaux qui lui envoient son corps. « Avec le temps, j’arrive à pointer les choses qui fatiguent mon bras et ce qui l’aide, » dit-elle. « Quand je me sens vraiment stressée, mon bras a des spasmes. Je dois vraiment faire attention à la manière dont je gère les choses. »

À l’extérieur de la piscine, Tripp recourt aux aiguilles, à l’acupuncture et aux massages. Elle a aussi découvert la méditation.

« Ça a fait une énorme différence. Ça aide mes performances dans la piscine, mais aussi à l’école.

Je me concentre pour rester détendue. Je pratique la méditation tous les jours et ça m’aide à garder mon niveau de stress assez bas, » a dit Tripp.

Elle est heureuse de représenter le Canada en Australie et croit que le diagnostic de dystonie lui a offert une nouvelle attitude. « J’ai grandi psychologiquement. Physiquement, je suis plus forte. J’ai beaucoup appris, et je gère la pression mieux qu’avant. »