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Des anciens de l’équipe nationale retournent à l’école grâce à Plan de match

Articles de fond –

par Rebecca Cheverton

En janvier dernier, Benoit Huot a remis son projet final pour sa maitrise en administration des affaires pour cadres de la Smith School of Business de l’Université Queen’s. Le quintuple athlète paralympique peut désormais ajouter une maitrise à sa longue liste de réalisations.

Huot a reçu une bourse d’études grâce au partenariat entre le Comité olympique canadien (COC) et la Smith School of Business. Jusqu’à 1200 athlètes des équipes nationales olympiques et paralympiques sont admissibles à des bourses d’études dans le cadre du partenariat de huit ans qui a débuté en 2016.

« Ce fut un réel privilège d’avoir la possibilité, dans la trentaine, de faire partie d’un tel programme et de pouvoir en tirer profit », affirme l’athlète originaire de Longueuil, au Québec.

Huot est l’un des trois membres de l’équipe nationale de natation ayant reçu une bourse. Martha McCabe, double athlète olympique et médaillée de bronze des Championnats du monde, a reçu la bourse pour son diplôme de maitrise en gestion de l’innovation et entrepreneuriat qu’elle a obtenu l’été dernier.

Zack Chetrat, médaillé d’argent aux Jeux panaméricains de 2015, est le plus récent ancien à recevoir une bourse. Il a commencé sa maitrise en finance en juin.

« Je suis vraiment emballé d’en apprendre un peu plus sur la finance dans un contexte universitaire », estime Chetrat, qui est associé chez EdgePoint Wealth, une société de gestion de patrimoine basée à Toronto.

« J’ai beaucoup d’expérience pratique, je fais cela depuis quatre ans. Mais avoir la chance d’explorer différentes choses dans un cadre universitaire est assez emballant pour moi. »

La transition du statut d’athlète de haut niveau à la retraite donne lieu à beaucoup de changements et d’incertitudes. C’est pourquoi la bourse de la Smith School, soutenue par le programme Plan de match du COC, offre aux athlètes l’occasion de se préparer à la vie après le sport.

Plan de match est le fruit d’une collaboration entre le COC, le Comité paralympique canadien (CPC), Sport Canada et le Réseau des instituts de sport olympique et paralympique (RISOP) du Canada.

« Je pense qu’il s’agissait d’une bonne transition afin de faire travailler mes méninges après la natation, en pleine période de changements », dit Huot, qui a commencé son diplôme en aout 2018, juste au début de sa retraite de la natation.

Le bachelier en communication et marketing a toujours jonglé avec l’idée d’obtenir une maitrise en administration des affaires. Il a commencé à envoyer des demandes dans des universités francophones de Montréal, mais quand le programme Plan de match a vu le jour, il s’est dit que c’était l’occasion idéale.

L’une des principales raisons pour lesquelles il désirait retourner sur les bancs d’école était d’obtenir de la crédibilité.

« Je me disais que les gens m’approcheraient encore en tant qu’athlète, indique-t-il. Malgré mon expérience en communication, avec un MBA, je me disais que mon CV serait plus complet. »

Le programme de 18 mois pour les cadres a été principalement réalisé à distance, dont seulement six semaines (réparties en blocs de deux semaines) à temps plein à Kingston, sur le campus principal de l’établissement. Le programme de maitrise se donnait entièrement en anglais, ce qui posait un nouveau défi à Huot, qui n’avait auparavant étudié qu’en français. Cela ne l’a pas empêché de réussir. Huot a terminé le programme avec une moyenne pondérée cumulative de 3,9.

« Je ne m’attendais pas du tout à cela, assure Huot. Au terme de notre premier cours, j’ai obtenu un A- par moi-même, car il s’agissait d’un cours individuel. […] J’étais dans la voiture et je me rendais à Ottawa pour un évènement quand j’ai allumé mon téléphone. J’ai reçu le courriel et je me suis dit que ce devait être une blague! Je ne pouvais pas y croire. »

Tout comme Huot, McCabe a commencé à songer à un retour aux études alors que la fin de sa carrière de natation approchait. Quand elle a appris l’existence de la bourse d’études de la Smith School par l’entremise de Plan de match, la décision a été beaucoup plus facile à prendre.

« Le programme que j’ai fini par choisir consiste en quelque sorte à déterminer ce qu’on veut vraiment faire en matière d’entrepreneuriat et cadrait donc parfaitement avec la transition », affirme McCabe.

Quand McCabe a entamé son diplôme de 12 mois, elle dirigeait déjà sa propre entreprise, Head to Head, qui met de jeunes Canadiens en contact avec des athlètes olympiques et des athlètes des équipes nationales grâce à des programmes de mentorat.

« Je dirigeais mon entreprise depuis deux ans et j’avais beaucoup appris sur les affaires […] par essais et erreurs, dit McCabe. Mon objectif principal était donc de participer à ce programme et d’en apprendre plus au sujet des processus, approches et systèmes plus normalisés. »

Depuis que McCabe a obtenu son diplôme, son entreprise s’est développée pour se concentrer non seulement sur la natation, mais aussi sur d’autres sports.

« Avant d’entamer le programme, c’était à peu près juste moi qui dirigeais Head to Head, mais maintenant j’ai […] quelques employés, indique McCabe. Donc, le programme m’a aidée à développer l’entreprise.

« Je pense que la chose la plus importante [que le programme] m’a transmise a été la confiance […], ce qui est vraiment important parce qu’on doit avoir cette confiance. C’est comme dans le sport, quand vous dirigez une entreprise, vous devez avoir confiance en vous. »

En plus de diriger sa propre entreprise, McCabe siège à la commission des athlètes du COC, dont l’un des mandats est d’essayer de faire connaitre Plan de match.

« J’essaie simplement de partager autant d’informations que possible avec les gens, dit McCabe. Il y a tellement d’athlètes qui ne sont pas au courant et les programmes proposés par Plan de match sont incroyables. »

C’est de cette façon que Chetrat a découvert l’existence de la bourse d’’tudes de la Smith School.

« Martha m’a parlé de Plan de match, puis j’en ai entendu parler de nouveau au Forum d’AthlètesCan l’automne dernier, explique Chetrat. Je me suis dit que c’était un programme génial auquel j’étais peut-être admissible et que je devrais peut-être pousser mes recherches un peu plus loin. »

Le programme de Chetrat devait se dérouler en personne sur le campus torontois de l’Université Queen’s, mais en raison de la pandémie, il a été converti en ligne. Le programme de 12 mois se déroulera quelques soirs par semaine et une journée complète le weekend, ce qui permettra à Chetrat de continuer à travailler tout en achevant son diplôme.

« J’aime beaucoup l’entreprise dans laquelle je travaille, je suis un associé du cabinet et le cabinet se développe rapidement, explique Chetrat. Je pense que, dans mon cas, avoir cette maitrise va m’aider à pousser plus loin mon éducation et à prendre une place importante au sein du cabinet au fur et à mesure qu’il se développe. »

Chetrat, qui s’est concentré sur la natation jusqu’à la mi-vingtaine, utilisera sans contredit ce qu’il a appris grâce au sport au cours de ce prochain chapitre de sa vie.

« Parmi les choses qu’on apprend en natation et qu’on peut utiliser dans d’autres aspects de la vie, il y a non seulement choisir quelque chose et foncer, mais aussi, une fois que vous avez choisi quelque chose, comment penser à en tirer le maximum », indique-t-il.

Chetrat a tracé un parallèle avec le 200 m papillon, épreuve dans laquelle il s’est spécialisé.

« Je devais investir beaucoup d’énergie à penser à la course, à pratiquer mon départ, pratiquer mon virage, pratiquer ma vitesse et mon endurance. Je devais investir beaucoup d’énergie en vue de nager une seule course et quand je pense à travailler et à suivre un plan de carrière, les mêmes principes s’appliquent. Il existe de nombreuses façons de s’améliorer, il y a beaucoup d’idées que vous pouvez examiner qui vous aideront à vous améliorer à long terme. »

Huot et McCabe conviennent également que la natation leur a appris de précieuses leçons de vie, en particulier sur la résilience.

« En tant qu’athlète, vous développez de la discipline, vous développez de la résilience, dit Huot. Je pense que j’étais prêt à être bien encadré par mes collègues et à apprendre d’eux, ainsi que des enseignants. »

« Je pense que la plus chose la plus importante que la natation a faite pour moi est de toute évidence, même si c’est peut-être un cliché, comment être résiliente, ajoute McCabe. Quand on échoue ou qu’on gâche quelque chose, on sait que ce n’est pas un drame et on essaie à nouveau, […] c’est comme en natation quand on connait une mauvaise course, tout nageur sait qu’il vivra plus de mauvaises courses que de bonnes. »