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Partie 2 : Être directeur de la haute performance en ces temps incertains – Entrevue avec John Atkinson, DHP

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C’est au début de l’année 2013 que John Atkinson est entré en poste à Natation Canada à titre de directeur de la haute performance et entraineur national. Il a entrepris de continuer le développement des programmes de la haute performance du Canada qui s’est traduit par des résultats à tous les niveaux de championnats et Jeux internationaux. Mais, tout le travail accompli au cours des sept dernières années ne pouvait permettre à personne de prédire ce que l’année 2020 aurait en réserve. La pandémie a forcé le report des Jeux olympiques et paralympiques ainsi que plusieurs autres compétitions nationales et internationales, perturbant complètement le calendrier normal de la haute performance. Nous vous présentons ci-dessous la deuxième partie d’une série d’entrevues accordées par John au sujet de son approche sur la direction des programmes de la haute performance en ces temps incertains.

Q : À l’approche du mois de septembre, que faut-il garder à l’esprit ?

R : Alors que le retour en piscine a lieu de manière graduelle, je crois qu’il est important que les athlètes minimisent les périodes en dehors de l’eau à l’automne et à l’hiver. Nous avions d’abord l’espoir que les programmes pourraient retourner à l’eau en juin partout au pays, ce ne fut pas le cas. Certains clubs ont repris leurs activités en juillet, d’autres ont suivi en août et d’autres ne seront de retour qu’en septembre.

Les installations municipales et universitaires sont essentielles à tous les sports, et bien sûr, leurs piscines le sont aussi pour la natation. Elles doivent être ouvertes et accessibles. Nous savons que les clubs et les nageurs reprendront l’entrainement de manière responsable.

Les entraineurs et les clubs doivent voir l’entrainement de juillet, août et septembre de cette année comme un bonus permettant d’être prêt pour une année de natation traditionnelle. L’attente avant les essais d’avril 2021 sera seulement un peu plus longue qu’à l’habitude.

Alors que les athlètes sont de retour à l’école, il est temps pour les entraineurs d’identifier les nouveaux facteurs de stress auxquels feront face les nageurs et faire attention aux périodes de récupérations pour chaque individu, sans prévoir une pause d’une ou deux semaines pour tous. Les nageurs n’ont pas tous besoin du même genre de récupération, et pas au même moment. La meilleure option est de planifier la récupération selon les besoins, cela est appuyé par la science. L’art du coaching c’est aussi savoir reconnaitre les signes.

Q : Comment se passera la reprise des compétitions ?

R : Nous devons planifier la reprise en veillant à la santé et à la sécurité des participants. Les compétitions de septembre 2020 à mars 2021 pour les nageurs participant aux essais Olympiques devraient demeurer intraprovinciales. Quelles possibilités de compétitions pouvons-nous prévoir de manière à minimiser les déplacements et offrir une expérience de qualité qui est tellement importante dans la préparation des nageurs pour les essais de mois d’avril ?

Plusieurs options s’offrent aux entraineurs à l’intérieur même de leur programme comme des efforts en maillots de compétition, des essais de temps, des courses « à froid » à l’improviste, celles-ci peuvent être appliquées dès maintenant. Nous pourrions organiser des essais de temps sur des distances non réglementaires comme un 75 m pour les épreuves de 100 m ou un 150 m pour les épreuves de 200 m et ainsi de suite. Nous sommes en train de développer des exemples qui seront bientôt partagés.

Q : Comment pouvons-nous utiliser cette pandémie pour améliorer notre réseau de compétitions groupes d’âge ?

R : Il faut réfléchir à comment rendre les compétitions groupes d’âge plus attirantes pour les nageurs et les familles. Cela est nécessaire pour tenter de retenir nos nageurs de 12-13 ans. Nous pouvons aborder la problématique des journées de 15 heures et les longues fins de semaine à la piscine. Nous voulons que notre sport offre une expérience qui attire les nageurs et leur famille à la piscine et leur donner l’envie de rester dans le sport.

Nous pouvons reconsidérer absolument tout. Du nombre d’officiels requis à la rotation des entraineurs de compétition en compétitions. Peut-être faudra-t-il restreindre les compétitions à un seul groupe d’âge, en faisant nager les 11-12 ans une fin de semaine et les 13-14 ans la fin de semaine suivante.

L’entrainement et l’apprentissage des fondements doivent se poursuivre. Nous n’avons pas besoin que les nageurs participent à plus de compétitions, mais nous pourrions en organiser davantage. Les sessions seraient donc plus courtes, rendant ainsi le sport plus attirant pour tous (et permettrait de respecter les normes de santé, sécurité et distanciation sociale).

Natation Canada et les associations provinciales ont déjà travaillé sur de nouvelles ressources comme le Cadre de retour à la natation. Nous travaillons aussi sur des ressources concernant le retour à la compétition. Les provinces ont fait la démonstration de ce qui est possible en planifiant et en travaillant sans relâche dans le but que les clubs retournent à la piscine, navigant à travers tous les changements rapides et aux différents mandats de la santé publique. Nous avons l’occasion de rendre la natation meilleure dans son ensemble, il ne faut pas laisser passer cette chance !

Q : Autres choses ?

R : Comme sport, nous devons aller de l’avant et pousser plus loin que ce que nous faisions avant. Servons-nous de cette pandémie comme d’un catalyseur pour effectuer les changements nécessaires à notre sport et à nos athlètes. Il faut que nous allions tous dans la même direction, d’abord pour le retour à l’entrainement, puis à la compétition. Il nous faudra être plus intelligents dans notre manière de travailler et être plus ouverts aux changements. Nous pouvons penser à toutes les raisons pour lesquelles ce sera difficile, ou nous pouvons tous nous concentrer sur les choses à améliorer et la façon de le faire.

Il va falloir que les nageurs, les familles, les clubs et les conseils d’administration, les entraineurs et les associations provinciales poursuivre leurs partenariats qui ont si bien fonctionnés au cours des derniers mois. Nous pouvons tous ressortir meilleurs de cette pandémie.

Comme organisme national de sport, nous recevons un excellent soutien de nos partenaires À nous le podium, Sport Canada, le comité olympique canadien, le comité paralympique canadien et le réseau des instituts du sport du Canada, en plus des associations provinciales et des gouvernements provinciaux. Nous n’aurions pas pu réaliser tout ce que nous avons fait jusqu’à aujourd’hui sans l’appui de tous nos partenaires, nous aurons encore besoin d’eux en 2021 et au-delà.