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Célébration du Mois de l’histoire des Noirs : Rencontre avec l’entraineure Chantique Carey-Payne

Articles de fond –

À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, Natation Canada prend le temps de célébrer les contributions et les réalisations des nageurs et entraineurs canadiens noirs au sein de notre communauté.

Aujourd’hui, nous vous présentons Chantique Carey-Payne, entraineure-chef du programme de natation des Gryphons de l’Université de Guelph.

Avant de devenir entraineure, Carey-Payne a nagé pour l’équipe de l’Université de Guelph. Elle a été retenue au sein de l’équipe d’étoiles de Sport universitaire de l’Ontario (SUO) à quatre occasions et a décroché un total de 11 médailles de SUO ainsi que huit médailles sur la scène nationale au cours de son parcours universitaire. Depuis qu’elle a mis fin à son parcours d’athlète, elle a tourné son attention vers le rôle d’entraineure. Carey-Payne a dirigé le club de natation local des Marlins de Guelph au cours des six dernières années, partageant ses connaissances en natation et en sauvetage de compétition. Elle a aussi été entraineure adjointe de l’équipe de natation des Gryphons pendant deux saisons avant d’être nommée entraineure-chef en juin 2017.

Quand as-tu réalisé que tu désirais faire de la compétition en natation?

Je ne me souviens pas de ne pas vouloir faire de compétition en natation. J’ai commencé à prendre des leçons à l’âge de trois ans et je sais que je demandais toujours à la personne responsable de la coordination de l’école de natation quand je pourrai passer à la catégorie novice, et cette personne de répondre « quand tu auras six ans ».


Quel est un de tes meilleurs souvenirs de la piscine?

Un de mes meilleurs souvenirs de la piscine est d’avoir participé aux Championnats de SUO à ma dernière année alors que la compétition se déroulait chez nous à l’Université de Guelph. Je ne crois pas d’un autre moment comparable en termes d’énergie, de l’atmosphère, du nombre de personnes sur la terrasse et du nombre de cloches à vache!

As-tu pratiqué d’autres sports? Si oui, à quel moment et quand as-tu décidé de te concentrer sur la natation?

J’ai joué au basketball à partir de l’âge de cinq ans jusqu’à ce que j’arrive en 10e année. J’ai aussi fait de l’athlétisme et j’ai couru des cross-country toutes mes années du primaire, mais je n’ai jamais pratiqué ces disciplines avec autant de sérieux. J’ai quitté le basketball en raison de tendinites chroniques aux deux genoux et je ne pouvais plus endurer les répercussions de la pratique de ce sport sur mes articulations. La décision a été prise pour moi, mais cela dit, je ne crois pas que j’aurais poursuivi la pratique du basketball au-delà du secondaire. À l’université, j’ai découvert la discipline du sauvetage de compétition, qui grâce à mon passé de nageuse, m’a permis de représenter le Canada à quatre éditions des Championnats du monde. J’ai même poursuivi dans ce sport après avoir cessé la natation de compétition.


As-tu fait face à des frustrations ou à des obstacles dans ton parcours sportif?

Ma plus grande frustration a été le coût lié à la pratique de la natation de niveau élite. Être une étudiante-athlète vient déjà avec son lot de défis, particulièrement dans un sport où il faut s’entrainer 20 heures par semaine. La natation est un sport dispendieux, même avec un emploi à temps partiel, le soutien des entraineurs et des programmes comme Quest for Gold, c’était un défi de taille de subsister d’un chèque de paie à l’autre.

Comment as-tu vécu la transition d’athlète au rôle d’entraineure?

J’ai été chanceuse puisque cette transition s’est faite graduellement dans mon cas. Je suis passée de la capitaine pendant deux ans où j’ai eu droit au respect de mes coéquipiers à un rôle de bénévole auprès du groupe dans les compétitions ou je pouvais offrir quelques commentaires comme adjointe puis dans le poste d’entraineure-chef. Le plus grand défi était que l’équipe et les autres entraineurs me voient comme l’entraineure et non pas seulement comme étant Chantique, l’athlète, et de découvrir quel était mon style personnel d’entraineure.

Comment décrirais-tu ton expérience comme nageuse/entraineure noire?

J’ai eu le privilège de vivre une expérience surtout positive comme nageuse et entraineure noire. Ce n’est toutefois pas toujours facile d’être le visage noir parmi des centaines de visages blancs. Ma confiance s’est bâtie avec le temps et je me sens en confiance chaque fois que je me retrouve sur la terrasse. Cependant, quand tu es plus jeune, il est difficile de comprendre pourquoi les gens connaissaient mon nom avant de les avoir rencontrés. C’était difficile quand les bonnets ne tenaient pas sur mes cheveux tressés ou qu’ils ne duraient que quelques semaines, ou encore quand le pince-nez des lunettes n’était pas suffisamment large pour mon visage. Rien de tout cela n’a changé, mais j’aimais vraiment me retrouver dans l’eau.

As-tu des modèles que tu admires et si c’est le cas, que peux-tu nous dire à propos de ces personnes?

J’ai eu plusieurs modèles, mais le principal tout au long de ma vie est mon père (Vernon Payne). Mon père est un directeur d’école primaire aujourd’hui à la retraite et j’étais toujours émerveillée de voir le respect et l’amour que les gens lui témoignaient. Les personnes semblaient toujours attirées à lui comme quelqu’un qui pouvait résoudre les problèmes, de réconcilier et bâtir quelque chose d’encore plus solide. Il inspirait le respect par sa bonté, n’élevant jamais la voix (ce qui est un véritable talent quand tu dois traiter avec des 5 à 13 ans). À cause de lui, j’ai longtemps cru que je deviendrais enseignante,  et honnêtement en combinant ma passion pour l’enseignement à celle pour le sport, devenir entraineure est encore meilleur.

As-tu une devise ou une citation préférée?

« Nous sommes ce que nous répétons. L’excellence n’est donc pas une action, mais une habitude » – Will Durant. J’ai découvert cette citation au secondaire (croyant à l’origine qu’elle venait d’Aristote) et elle a littéralement transformé ma façon d’aborder la vie, l’apprentissage et l’entrainement.

Que signifie pour toi d’être une entraineure de natation ou une nageuse noire?

Comme femme noire dans ce sport, j’espère être le modèle que je n’ai pas vu quand j’étais enfant.

Quels sont tes passe-temps/intérêts à l’extérieur de la piscine?

À l’extérieur de la piscine, mon plus grand intérêt est la musique, que ce soit de jouer du piano (pas particulièrement bien), chanter avec ma famille, chanter dans des chorales ou d’aller voir les grandes comédies musicales à Toronto. J’ai vraiment la musique. C’est vraiment un espace de bonheur pour moi.

Qu’aimes-tu à propos de la natation?

J’aime vraiment le sentiment d’être dans l’eau. Ce sport m’a enseigné tellement de choses à propos de moi et j’aime qu’il me mette constamment au défi. C’est un sport que tu peux pratiquer toute ta vie.

Qu’aimerais-tu voir pour l’avenir du sport?

Mon espoir est que la natation devienne un sport ou tous les enfants peuvent avoir un sentiment d’appartenance et une pratique que tous les enfants peuvent poursuivre. J’espère que les visages noirs sur la terrasse ne soient plus seuls, mais qu’ils soient nombreux et que nous puissions créer un plan d’action pour traiter l’absence de diversité dans notre sport.