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Une survivante du cancer partagera sa sagesse avec d’autres athlètes olympiques

Articles de fond –

Par Rita Mingo

Il y a peu de bonnes choses à tirer d’un cancer, mais Geneviève Saumur a bel et bien tiré quelque chose de cette épreuve.

« Cela a fait de moi une meilleure conseillère pour les athlètes », explique Saumur. « J’étais un peu seule et je me suis promis que je ne voulais qu’aucun athlète se sente seul. Même si j’avais un excellent réseau de soutien, ils ne pouvaient pas comprendre ce que c’était que d’être en isolement. »

« Ça n’a pas besoin d’être un cancer… vous pouvez être diabétique ou blessé. Quels que soient vos défis, cela m’a fait réaliser que parfois, même si vous avez une équipe qui vous entoure, il y a des moments où vous vous sentirez seul. Je voulais être la personne qu’ils appelleraient pour dire “Hey, je me sens seul” et je pourrais comprendre à peu près leur situation. »

Saumur, nageuse olympique canadienne, a récemment été nommé l’une des cinq mentors des athlètes de Pékin 2022.

« Je suis absolument flattée et honorée », déclare la jeune femme de 33 ans. « Revivre les grands souvenirs que j’ai eus lors de mes propres Jeux olympiques, accompagner les athlètes, je suis assez enthousiaste à ce sujet. »

C’est vraiment dans ses cordes, puisqu’elle est conseillère (en congé de maternité) auprès d’Alliance Sport-Études à Montréal, où elle conseille les étudiants-athlètes. Avant cela, elle travaillait à l’Institut national du sport du Québec, où elle aidait les athlètes en transition après le sport.

Elle décrit son rôle au sein de Pékin 2022 comme étant celui d’aider les athlètes à s’adapter à cette occasion mémorable.

« Surtout maintenant, ce seront des Jeux inhabituels », souligne-t-elle. « Et certaines choses peuvent être plus difficiles à prévoir ou à préparer. Nous voulons qu’ils profitent de ces moments. C’est vraiment l’une des plus grandes expériences de leur vie. Je pense que nous voulons qu’ils soient vraiment concentrés sur leurs performances, mais il faudra aussi leur rappeler d’en profiter. Nous sommes essentiellement là pour partager notre propre expérience et essayer de faire en sorte qu’ils vivent leur propre expérience au maximum de leur potentiel, que ce soit dans leur propre performance ou après, en gérant le stress et tout ça. Je suis impatiente de travailler avec ces athlètes. »

Saumur pourra puiser dans sa propre histoire, riche d’une expérience internationale. Aux Championnats panpacifiques de 2006, elle a aidé l’équipe de relais 4×100 m libre à établir un record canadien de 3:41.83 en route vers une médaille d’argent. Elle a remporté le bronze à cette même course aux Jeux du Commonwealth de 2006. Puis, aux Jeux olympiques de 2008 à Pékin, l’équipe de relais a terminé en huitième place, tandis qu’en individuel, à l’épreuve du 200 m libre, elle s’est classée en 25e position. Elle a également participé aux championnats du monde de la FINA en 2007 et 2009.

Mais c’est lors de sa préparation pour les Jeux de 2012 à Londres qu’elle a reçu une nouvelle que personne ne souhaite recevoir. Elle a reçu un diagnostic de cancer de la thyroïde.

Au début, elle a géré la situation comme n’importe qui le ferait.

« J’ai beaucoup pleuré », dit-elle maintenant en riant. « Mais après ça, je pense que je disposais d’un super réseau de soutien… un super copain (Rémi Lavoie, aujourd’hui son mari), une super famille et de super amis. Mes amis nageaient encore et ils voulaient être là pour moi et je voulais être là pour eux parce qu’ils essayaient encore de se qualifier pour Londres 2012. »

Elle décrit avec simplicité son voyage tortueux d’un an.

« C’était vraiment dur parce que j’ai eu des traitements de radiation juste avant la cérémonie d’ouverture et une fois que vous avez des radiations, vous devez être en isolement pendant une semaine et demie », commence-t-elle. « Tu ne peux être près de personne. Je suis donc allée chez mes parents et j’ai vécu au sous-sol. Mon père me préparait le déjeuner et le lunch et me les laissait. »

« Le premier jour où j’étais là-bas, je me réveille et c’est la cérémonie d’ouverture à Londres. Alors là, c’est assez difficile. C’était le point le plus bas parce que c’était pendant mon traitement et je devais être seule, donc pendant cette semaine et demie, deux semaines, je n’ai fait que regarder les Jeux olympiques. Je regardais l’escrime ou l’équitation – des sports que je ne connaissais pas beaucoup – et je pleurais parce que je me disais que je devais être là pour faire mon sport. Bien évidemment, je regardais la natation et je criais si fort pour chaque Canadien. »

« Mais vous savez quoi, aussi difficile que cela ait été, une fois la cérémonie d’ouverture terminée, je sentais que j’avais fini. Je savais que Londres aurait été mes derniers Jeux olympiques, ma dernière chance, et que j’aurais fini après. Alors une fois que Londres a été terminé, je me suis dit que je les avais manqués, je ne retournerai jamais aux Jeux olympiques. »

Au lieu de se battre pour faire partie de l’équipe, pour abaisser son temps de course, Saumur s’est battue pour survivre. C’est là que ses outils d’athlète d’élite sont entrés en jeu.

« J’y allais une étape à la fois », dit-elle. « Vous faites votre opération et ensuite vous faites des radiations… comme des petits camps d’entrainement… c’est ce que je fais aujourd’hui, c’est comme ça que je me bats et le jour suivant, je m’améliorerai et je me battrai à nouveau. Heureusement, je n’ai pas eu à faire de chimio, donc ce fut une grande victoire pour moi. »

C’est cet obstacle qui a mis un frein à sa carrière dans la piscine qui la propulse aujourd’hui, qui lui donne la motivation nécessaire pour relever son nouveau défi.

« Je sais à quel point cette expérience est précieuse et si vous la ratez, combien cela peut être difficile », raconte Geneviève Saumur, aujourd’hui maman de Renaud, trois ans et demi, et de Charlie, quatre mois. « J’ai fait mes Jeux olympiques de 2008 et… je me souviens que c’était si difficile de tout absorber et d’en profiter parce que vous êtes tellement stressé. Puis, avec le recul, si j’avais su que c’était ma seule chance de participer, je pense que j’aurais essayé d’en profiter davantage. »

« Écouter la foule, sentir ma chair de poule et être présente. Je pense que cela me motive à les aider à être dans le présent et à ne pas savoir ce qui va se passer dans le futur. Assurez-vous de vraiment apprécier le bon et le mauvais, le dur et la douleur, la victoire et tout le reste. Tout cela fait partie des super souvenirs que vous garderez. »

« Je ne sais pas comment je vais réussir à m’éloigner de mes enfants pour assister aux Jeux olympiques, ajoute-t-elle, mais je vais le faire. Je pense qu’une fois que j’y serai, j’y serai pleinement. »