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La double championne du monde Kylie Masse demeure concentrée malgré les difficultés

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Par Jim Morris

Au cours d’une année riche en changements et en défis, Kylie Masse a réussi à rester fidèle à son objectif.

Le double champion du monde du 100 m dos a vécu des montagnes russes d’émotions lorsque la COVID-19 a causé la fermeture des piscines et l’annulation des compétitions. La pandémie a même obligé la médaillée de bronze olympique à changer d’entraineur pour poursuivre son entrainement.

« La pandémie m’a appris à vivre le moment présent et à me concentrer sur moi-même et sur ce que je peux contrôler », a déclaré la jeune femme de 25 ans, originaire de LaSalle, en Ontario.

« Nous avons tous dû surmonter des obstacles. Je pense qu’il a été très important pour moi de garder les choses en perspective et de prendre chaque jour comme il vient, d’essayer de faire mieux que le jour précédent. C’est comme ça que j’ai gardé ma santé mentale sous contrôle. »

Lorsque Masse a nagé un temps fulgurant de 57,70 secondes pour battre son propre record canadien au 100 m dos lors de la première journée des Essais olympiques de natation, présentés par Bell, il semblait qu’elle envoyait un message aux autres femmes qu’elle affrontera plus tard ce mois-ci aux Jeux olympiques de Tokyo.

Masse a déclaré que le message s’adressait davantage à elle-même.

« Je ne sais pas comment les autres nageuses ont perçu cela », a déclaré Masse. « En fin de compte, je ne peux pas vraiment penser à ce que pensent les gens parce que ça n’a pas d’importance. »

« Je voulais juste faire ça pour moi. Je sais à quel point je me suis entrainée fort, et je sais ce que j’ai fait à l’entrainement. Je suis vraiment contente d’avoir fait ce temps pour moi ».

Le fait d’avoir été nommée provisoirement par Natation Canada sur l’équipe olympique a éliminé toute pression avant les Essais, mais Masse a tout de même ressenti une certaine nervosité.

« Cela m’a donné un peu plus de flexibilité dans mon entrainement », a-t-elle déclaré. « N’ayant pas participé à des compétitions depuis si longtemps et ayant eu une année aussi folle comportant autant de défis, j’étais vraiment impatiente de foncer et de voir ce que je pouvais faire. Ça fait longtemps que je m’efforce de passer sous les 58 secondes. »

Masse se dirige vers Tokyo en tant que l’une des trois seules femmes ayant nagé sous les 58 secondes au 100 m dos.

Kaylee McKeown a établi un record du monde en 57,45 secondes lors des Essais olympiques australiens au début du mois de juin. Ce temps lui a permis de battre l’ancien record de 57,57 établi par l’Américaine Regan Smith lors du relais quatre nages aux Championnats du monde de la FINA 2019. Smith a nagé 58.35 pour remporter les Essais olympiques américains, après avoir réalisé un temps de 57,92 en demi-finale.

La reconquête du record mondial que Kylie Masse détenait autrefois est dans un coin de sa tête. Elle a établi la marque de 58,10 secondes lors des championnats du monde de 2017.

« C’est difficile de ne pas y penser », a déclaré Masse.

« Je ne veux pas faire une fixation sur le temps. En fin de compte, c’est à qui touchera le mur la première. »

« J’ai des objectifs de temps dans ma tête et des choses que je veux réaliser, mais le fait de trop me concentrer sur le temps peut parfois être nuisible. »

Elle a également remporté le 200 m dos lors de la dernière journée des Essais.

Masse a passé la majeure partie de sa carrière à être entrainée par Linda Kiefer et Bryon MacDonald à l’Université de Toronto. Lorsque la piscine de l’Université de Toronto a été fermée en raison de la COVID, elle a pris la décision de s’entrainer au centre de haute performance de l’Ontario avec Ben Titley.

Masse avait déjà passé du temps à s’entrainer au centre de l’Ontario. Le transfert définitif n’a pas été un si gros ajustement, juste un nouveau tournant sur une route longue et sinueuse.

« C’était certainement un peu effrayant parce que ce n’est pas quelque chose que vous voulez vraiment faire au début d’une année olympique », a-t-elle déclaré. « J’étais avec Byron et Linda depuis six ans. Faire un changement complet de programme d’entrainement, c’est beaucoup. »

« Cela dit, le changement est aussi une bonne chose. C’était génial d’avoir une nouvelle perspective. Chaque entraineur a sa propre façon de travailler avec un athlète. Le fait de mélanger un peu les choses était génial. »

Masse reste proche de Kiefer et MacDonald. Kiefer est d’ailleurs l’une des entraineures de l’équipe de Natation Canada aux Jeux olympiques.

Les Jeux de Tokyo seront très différents de ceux de Rio. Des protocoles de sécurité stricts seront mis en place pour affronter la COVID. Les amis et la famille ne pourront pas y assister et il y aura peu de fans, voire aucun, pour assister aux évènements.

Les Essais olympiques canadiens se sont déroulés avec les mêmes restrictions. Masse pense que cela pourrait donner un avantage aux nageurs canadiens à Tokyo.

« Au Canada, nous sommes en confinement depuis si longtemps, nous avons eu des restrictions si importantes que les gens sont habitués aux protocoles et au port de masques », a-t-elle déclaré.

« Nous allons être plus prêts pour cela, plus habitués, par rapport à d’autres pays peut-être ».

Masse apporte à Tokyo à la fois des promesses et des attentes. Elle a fait ses preuves sur la scène internationale. Sa victoire en 2017 a fait d’elle la première femme canadienne championne du monde FINA en natation. Elle est également la première nageuse canadienne à défendre un titre mondial et ses cinq médailles aux championnats du monde la placent à égalité avec Penny Oleksiak au premier rang des Canadiennes ayant remporté le plus de médailles.

« Se frayer un chemin jusqu’au sommet de n’importe quel sport est difficile. Rester au sommet est encore plus difficile, » a déclaré Masse.

« Je pense que la montée est stimulante », a-t-elle déclaré. « J’étais un peu la underdog (à Rio) et je n’avais pas vraiment de pression. J’aimais juste la course et je fonçais et je nageais. »

« Une fois que vous êtes au sommet, vous avez plus d’expérience en matière de pression et d’attentes. Ce sont des choses que vous devez découvrir vous-même et chacun y fait face individuellement et différemment. De plus, le sport est de plus en plus rapide et il y a toujours quelqu’un qui vous talonne. »