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Deryk Snelling, un entraineur qui a aidé à changer la natation au Canada

Articles de fond –

Par Jim Morris

Les collègues et athlètes de Deryk Snelling se souviennent de lui comme une personne qui a transformé la natation, une personne toujours positive qui repoussait les limites de l’entrainement et la performance et qui est devenu l’un des entraineurs les plus accomplis du Canada.

« Il faisait partie d’une poignée d’entraineurs qui ont changé le monde de la natation à partir des années 1970 », a dit Pierre Lafontaine, ancien directeur général et directeur de l’équipe nationale de Natation Canada.

« C’était une personne du monde. Il a touché la vie d’un grand nombre de gens. »

Snelling est récemment décédé à son domicile sur l’île de Vancouver d’une pneumonie et d’une insuffisance cardiaque congestive. Il avait 88 ans.

Le médaillé d’or olympique Mark Tewksbury se souvient de la première fois où il l’a rencontré. C’était au club de natation de l’Université de Calgary et il avait 14 ans.

« Il était si inspirant, captivant et fascinant, et il réussissait tellement bien », a expliqué Tewksbury, qui a remporté le 100 mètres dos aux Jeux olympiques de Barcelone 1992 sous la direction de Snelling.

« Il avait une grande et incroyable passion pour la natation. »

Ken McKinnon, entraineur national de développement de Natation Canada, était entraineur au Club de natation de Pointe-Claire lorsque Snelling était entraineur-chef au Club de natation d’Etobicoke.

« Deryk était un professionnel absolu, quelqu’un qu’on admirait, a dit McKinnon. Chaque jour, chaque minute, il respectait le rôle d’entraineur.

« Jamais on ne l’aurait vu au bord de la piscine comme moi, à 19 ou 20 ans, portant des jeans et des bottes de travail Kodiak. Il revêtait la tenue complète d’Etobicoke, et ça lui allait bien. »

Plus tard, lorsque McKinnon est devenu l’entraineur national de développement de Natation Canada, Snelling l’appelait pour partager avec lui des réflexions ou lui offrir des stratégies.

« Il m’appuyait énormément », a ajouté McKinnon.

Durant sa carrière, Snelling a aidé 60 athlètes à se rendre aux Jeux olympiques, dont 21 y ont remporté des médailles. Membre du Temple de la renommée internationale de la natation, du Cercle d’excellence de Natation Canada et de l’Ordre du Canada, il a agi comme entraineur-chef de quatre équipes olympiques canadiennes de natation, de cinq équipes des Jeux du Commonwealth et d’une équipe des Championnats du monde.

Les nageurs et nageuses qu’il a dirigés ont récolté 10 médailles aux Championnats du monde, 27 aux Championnats panpacifiques, 28 aux Jeux panaméricains et 65 aux Jeux du Commonwealth, en plus d’avoir établi sept records du monde.

Snelling a également été analyste lors de la télédiffusion de compétitions de natation et a écrit le livre All About Individual Medley.

Né à Darwin, en Angleterre, il a été préparateur physique pour l’armée britannique pendant deux ans. Il a dirigé le club de natation de Southampton de 1961 à 1967 avant de déménager à Vancouver et d’être l’entraineur-chef du Canadian Dolphin Swim Club pendant huit ans.

Il fut également le directeur de haut niveau à l’Amateur Swimming Federation of Great Britain de 1996 à 2000.

De 1984 à 1988, Lafontaine a agi comme l’entraineur adjoint de Snelling pour le club de natation de l’Université de Calgary. Pendant un an, il a vécu chez Snelling. Il l’avait même nommé témoin à son mariage.

« J’essayais toujours d’être plus malin que lui, mais je n’y arrivais pas », s’est rappelé Lafontaine.

« Il était toujours énergique et tellement compétitif. Il était un incroyable élève du sport. Il n’était pas seulement un maitre exigeant, il essayait de créer un environnement où les membres de l’équipe devaient se battre les uns pour les autres.

« Il était un éducateur et il avait le don de bâtir une équipe. »

Snelling arrivait toujours à obtenir le maximum de ses nageurs.

« Deryk avait du flair pour comprendre les gens et comment les motiver. Les gens avaient tous besoin de choses différentes, a expliqué Tewksbury. Il savait vraiment comment me pousser.

« Il ne voyait que la natation dans sa soupe, il était obsédé par la natation. C’était un gars passionné.

« Je le respectais beaucoup. Son travail consistait à me pousser, et je n’aimais pas toujours me faire pousser. Nous avions une superbe relation, une relation compliquée. »

Outre Tewksbury, Snelling a aussi dirigé Tom Ponting, Graham Smith et Jon Cleveland à Calgary.

Selon McKinnon, Snelling avait la capacité de vulgariser toute la complexité de la natation aux gens.

« Il était maitre dans l’art de parler à des groupes. Il pouvait s’asseoir et, d’une manière détendue, parler à un groupe de 5 à 15 minutes et expliquer ce qu’il avait en tête sans ennuyer les gens. »

Il s’entourait de bonnes personnes. Il a aussi été le premier à soulever l’idée d’avoir des psychologues et des gérants au sein des équipes.

« Il demandait toujours plus de soutien, a expliqué Lafontaine. Il voulait s’assurer que ses nageurs rivalisaient constamment contre les meilleurs du monde. »

Lafontaine s’est remémoré le voyage de trois semaines que Snelling avait organisé en 1986 à la mer Noire pour que les nageurs s’entrainent avec la grand nageur russe Vladimir Salnikov.

« Personne ne faisait ça », a-t-il dit.

Snelling a été entraineur en même temps que d’autres entraineurs canadiens légendaires comme Cliff Berry, Paul Bergen, Don Talbot et Tom et Dave Johnson.

« Leur rivalité était incroyable, a dit Lafontaine. Elle a contribué à faire de la natation canadienne ce qu’elle est aujourd’hui.

« Il a vraiment fait une grande différence dans la vie de plusieurs entraineurs. Il ne faisait pas toujours des heureux, ça c’est certain. »

En dehors de la piscine, McKinnon se souvient que Snelling était calme et décontracté.

« Il avait des histoires incroyables à raconter sur son enfance en Angleterre. Des histoires à propos de compétitions, des histoires pour faire passer un message aux athlètes et les aider à réussir.

« Il n’était pas gêné de dire qu’il savait de quoi il parlait. Je ne dis pas ça de façon négative. Il avait une grande confiance en lui. »