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Retrouver l’amour de la natation, la plus grande victoire du nageur de l’année

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Par Jim Morris

Pendant des années, la médaille de bronze que Brent Hayden avait gagnée aux Jeux olympiques de Londres 2012 est restée enfouie dans son tiroir à chaussettes. Cette médaille lui rappelait l’angoisse physique et psychologique qui l’avait poussé à abandonner la natation.

Cette médaille se trouve maintenant à côté du lit de Hayden et représente le bonheur que la natation lui apporte.

« C’est un sentiment vraiment unique quand vous retrouvez une partie de vous, que vous pensiez disparue à jamais », raconte-t-il.

En octobre 2019, Hayden a annoncé qu’il mettait fin à une retraite de sept ans et revenait à la natation dans le but de participer aux Jeux olympiques de Tokyo 2020, reportés ensuite d’un an en raison de la pandémie mondiale de COVID-19. Il a couronné son périple de deux ans en menant l’équipe masculine du relais 4 x 100 mètres à un record canadien et à une fraction de seconde du podium aux Jeux de Tokyo. Il a également manqué de peu la finale du 50 m libre en se classant au neuvième rang, meilleur résultat individuel en piscine de tous les nageurs canadiens.

En l’honneur de ses réalisations dans l’eau et de ses contributions en dehors de la piscine, Hayden a été nommé nageur de l’année par Natation Canada.

« En fait, je n’avais jamais envisagé de revenir à la natation pour essayer d’être le meilleur nageur du Canada », explique Hayden, qui a accompli cet exploit en s’entrainant sous la direction de l’entraineur de performance, Tom Johnson, au Centre de haute performance de Vancouver. « Être capable d’accomplir cela est vraiment important. Ça vient valider encore plus tout le travail acharné que j’ai fait. Ça valide aussi la décision que j’ai prise de revenir, pas seulement pour essayer de retourner aux Jeux olympiques, mais pour me prouver quelque chose.

« Le parcours n’a pas été parfait, mais je pense que les défis et les obstacles ont rendu mes réalisations encore plus précieuses. »

C’est la quatrième fois que Hayden est nommé nageur de l’année du Canada et certainement la première fois qu’il y a un écart de 14 ans entre les prix. Mais Hayden est une personne différente de celle qui a remporté le titre en 2007.

« J’ai simplement une vision différente de tout, déclare-t-il. Tout ce qui comptait c’était simplement d’essayer de retrouver mon amour pour le sport qui m’avait été enlevé en [2012] en raison de mes problèmes de santé mentale.

« Le prix ultime pour moi était de redécouvrir cette partie de moi-même que j’avais perdue il y a tant d’années. »

Hayden s’est retiré de la natation peu après avoir terminé troisième au 100 m libre à Londres. À l’époque, il souffrait de douleurs dorsales atroces et d’une dépression écrasante. La natation n’était tout simplement plus amusante.

Lorsque Hayden a pris la décision de recommencer la natation, il savait que des défis l’attendaient, mais il ne s’attendait pas à ce qu’une pandémie mondiale retarde d’un an les Jeux de Tokyo, ferme les piscines et annule les compétitions.

Comme le reste du monde, Hayden a appris à s’adapter. Il portait une combinaison de plongée et nageait dans un lac près de chez lui à New Westminster, en Colombie-Britannique, ou s’attachait à une clôture et s’entrainait dans la piscine dans la cour de ses parents à Mission.

« Ça montre l’importance de l’adaptabilité », dit-il. Ce n’est pas parce que les choses ne fonctionnent pas parfaitement qu’on ne peut pas trouver des moyens de les contourner. On doit juste être capable de prendre du recul et de réévaluer ses stratégies pour aller de l’avant. »

Hayden a franchi le dernier obstacle de sa quête olympique lorsqu’il s’est qualifié pour les Jeux de Tokyo en remportant le 50 m libre en 21,82 secondes lors des Essais olympiques de natation, présentés par Bell.

Participant à ses premiers essais en neuf ans, le nageur de 37 ans est devenu le nageur olympique canadien le plus âgé de tous les temps et le premier nageur canadien à avoir participé quatre fois aux Jeux olympiques.

À Tokyo, Hayden a participé aux demi-finales du 50 m, terminant à égalité au neuvième rang. Son temps de 21,82 secondes était à 0,09 seconde du record canadien qu’il avait établi aux Championnats du monde de la FINA en 2009.

Au relais 4 x 100 m, Hayden a nagé avec Josh Liendo, Yuri Kisil et Markus Thormeyer, et l’équipe a terminé le relais en un temps record canadien de 3:10,82, à seulement six dixièmes de seconde de la troisième place de l’Australie.

Hayden a pris la tête du relais grâce à un temps de 47,99 secondes, ce qui fait de lui le nageur le plus âgé à nager un 100 m libre sous la barre des 48 secondes.

« Ce relais était si spécial, lance-t-il. Personne ne s’attendait à ce que nous soyons en finale. Et nous étions là, à pousser jusqu’au bout. »

Pour Hayden, le fait que le nageur qui le suivait dans l’eau était Liendo, 19 ans, était également spécial.

« J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de symbolisme dans cet échange de relais. C’était un peu comme passer le flambeau à Josh. »

Hayden a manqué de peu de remporter une deuxième médaille olympique, mais il voit une plus grande victoire dans le fait de contribuer à la sensibilisation aux problèmes de santé mentale.

« À mon retour dans le sport, j’ai remarqué que plus de gens parlent davantage de la santé mentale, souligne-t-il. Des gens communiquent avec moi tout le temps pour me remercier d’en parler.

« [La santé mentale] a été tout un autre aspect de ce voyage. Si je peux quitter le sport avec quelque chose, ce serait de quitter une communauté sportive qui se porte mieux que quand j’y suis revenu. »

Hayden n’a pas encore décidé s’il tentera sa chance pour les Jeux olympiques de Paris 2024, qui auront lieu dans deux ans seulement.

« J’y réfléchis, dit-il. Je pense que j’en ai encore un peu en moi.

« Je ne dis pas oui ni non, mais j’aimerais bien. Mais j’ai mis tellement de choses de ma vie sur pause ces deux dernières années. Certaines choses ne peuvent tout simplement pas continuer à m’attendre. »

Quelle que soit sa décision, Hayden est heureux du chemin qu’il a parcouru.

« Je me suis éclaté tout au long de ce voyage, même avec les défis rencontrés que nous avons rencontrés en cours de route. Le plus important, c’est que j’ai redécouvert cette partie de moi-même à nouveau. »