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Newkirk fait preuve de résilience en route vers ses premiers Jeux paralympiques

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Chaque édition des Jeux Paralympiques est accompagnée d’innombrables histoires inspirantes de courage et de résilience. Celle de Shelby Newkirk s’ajoute à la liste à l’approche de Tokyo 2020.

S’apprêtant à faire ses débuts paralympiques dans la capitale japonaise, la résidente de Saskatoon sera l’un des 19 nageurs canadiens en action du 25 août au 3 septembre au Centre aquatique de Tokyo.

« Je suis vraiment emballée. J’ai verbalisé cet objectif pour la première fois en 2015, le fait que je voulais aller à Tokyo, que je voulais faire partie de cette équipe », a déclaré Newkirk, qui a mérité sa place au sein de la formation canadienne grâce à une médaille d’argent au 100 m dos S7 à Londres 2019, où elle a pris part à ses premiers championnats du monde de paranatation.

« En 2015, je n’étais pas très connue sur la scène internationale. Je n’avais pas ma classification internationale, donc je ne pouvais participer à aucune de ces grandes compétitions, mais mon entraineure à l’époque, Karen Williams, m’a en quelque sorte dit « La question n’est pas de savoir si tu iras aux Jeux paralympiques, mais quand ». Nous nous sommes donc assises et nous avons en quelque sorte déterminé le moment où je voulais faire partie de l’équipe et j’ai dit que je voulais participer à Tokyo 2020. Elle a dit « D’accord, ça va demander beaucoup de travail, mais allons-y ».

« J’ai été nommée au sein de l’équipe nationale pour la première fois en 2017 et le fait de pouvoir enfin dire que je suis une paralympienne… Je trouve que c’est tellement cool de pouvoir représenter le Canada sur la plus grande scène du monde. »

Désormais sous la tutelle d’Eric Kramer, son entraineur au Saskatoon Laser Swim Club depuis septembre 2017, Newkirk s’est forgé un curriculum vitae impressionnant au cours des dernières années, y compris de nombreux records du monde dans les épreuves de dos et des titres consécutifs de paranageuse de l’année de Natation Canada en 2017 et 2018.

Malgré tout ce succès, son parcours jusqu’à Tokyo n’a pas été de tout repos.

La jeune femme de 25 ans souffre de dystonie généralisée, un trouble neurologique progressif semblable à la maladie de Parkinson qui affecte les mouvements, l’équilibre et la coordination. En avril dernier, elle a dû se soumettre à la classification à Lewisville, au Texas, où elle a été reclassée comme nageuse S6.

« La classification représente toujours un défi pour moi. Je dois essentiellement être classée tous les ans ou tous les deux ans simplement en raison de la progression de mon corps pendant une période de temps donnée », explique Newkirk. « Je pense que pour moi, la chose qui est la plus difficile à propos de la classification, c’est que, même avec mon neurologue, nous ne parlons jamais de la progression que nous observons. C’est plutôt « D’accord, voici ce qui se produit » et nous gérons la situation. Mais avec la classification, on voit des chiffres clairs, comme « Ok, j’étais ici, et maintenant je suis ici ». Et je pense que ça peut jouer dans votre tête, la première fois qu’on voit vraiment « Oh! J’ai perdu autant de terrain.

« Ce fut définitivement difficile. Cette reclassification est une chose à laquelle nous nous attendions en quelque sorte. Nous savions que j’étais sur la clôture depuis un certain temps, donc nous n’avons pas vraiment été surpris. Mais ce fut tout de même difficile une fois officiel. C’était comme « Oh, ok, c’est la réalité », c’est la réalité avec laquelle je dois composer, ça progresse sans arrêt et je dois simplement vivre avec ça. »

Kramer, qui sera aux côtés de Newkirk à Tokyo en tant que membre du personnel d’entraineurs de l’équipe canadienne, dit que les deux dernières années, en particulier, ont été difficiles pour sa protégée.

« À l’automne 2019, nous avons commencé à remarquer plus de changement. Cela l’affecte plus qu’avant. En tant qu’entraineur, je dois être très vigilant en tout temps. Je regarde comment elle s’entraine, son langage corporel. Non seulement tout peut changer d’un jour à l’autre, mais d’une séance à l’autre.

« Pour moi, cependant, le plus important est que nous devons penser à l’être humain. En tant qu’être humain, elle a dû s’adapter au fait que son état progresse. »

Kramer cite Londres 2019 comme un excellent exemple du courage et de la détermination de Newkirk.

« Deux jours avant son 100 m dos, son genou était enflé comme un ballon de football. Elle souffrait beaucoup. En fin de compte, elle a nagé son 100 dos et a quand même terminé deuxième, mais elle était loin de son meilleur temps. Elle a vraiment fait de son mieux dans la condition dans laquelle elle se trouvait. »

Newkirk n’a pas laissé ces obstacles miner son attitude positive. En dehors de la piscine, elle a été plus occupée que jamais pendant la pandémie de COVID-19, poursuivant ses études en enseignement à l’Université de la Saskatchewan tout en dirigeant ses deux entreprises, Crafty Prairie Girl, via laquelle elle vend ses propres objets fabriqués au crochet, et Accessible Life, grâce à laquelle elle partage ses produits qui peuvent aider à rendre la vie plus accessible pour les personnes handicapées.

Elle s’empresse cependant de souligner que son objectif principal a toujours été Tokyo.

« Même s’il y a eu beaucoup d’incertitude quant à savoir si les Jeux allaient avoir lieu ou non, je demeurais positive. Je voulais vraiment être à mon meilleur quand nous pourrions à nouveau sauter dans l’eau. »

Aux Jeux, Newkirk participera au 50 libre S6, au 100 libre S7 et, lors de la dernière journée de natation, le 3 septembre, au 100 dos S6. Au 100 dos, elle détient le temps le plus rapide de la période de qualification de Tokyo 2020 (du 1er octobre 2018 au 1er août 2021).

« J’ai toujours voulu me retrouver sur le podium paralympique, j’ai toujours pensé que ce serait tellement cool », dit-elle. « En raison de ma progression, cependant, je ne sais pas trop où je vais me situer.

« La chose la plus importante pour moi, qui fera que mes Jeux seront réussis, c’est si je quitte ce 100 dos lors de la dernière journée en me disant que j’ai fait tout ce que j’ai pu. Quel que soit le résultat, je veux être satisfaite de ma course, je veux être fière de moi et savoir que j’ai fait de mon mieux. Cela me rendrait immensément fière de pouvoir dire cela.

Kramer n’a qu’un souhait.

« J’espère sincèrement que son cerveau, ses bras et ses jambes lui permettront de faire ce qu’elle est capable de faire. J’aimerais qu’elle puisse donner le meilleur d’elle-même, sans limites. C’est mon seul désir. Ensuite, nous verrons ce que ça donne en termes de résultats. »