Les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020 et le succès que nous y avons connu étant chose du passé, le directeur de la haute performance et entraineur national de Natation Canada, John Atkinson, se concentre maintenant sur la prochaine olympiade. Le cycle quadriennal, qui s’échelonne normalement sur quatre ans, est écourté d’une année et demeure tout aussi compliqué en raison des protocoles, des restrictions et de l’incertitude qui s’ajoutent alors que le monde entier cherche à se relever de la pandémie de COVID-19. Malgré les conditions et facteurs en dehors du contrôle de Natation Canada, Atkinson croit que la formation d’entraineurs compétents et le maintien des compétences sont essentiels au développement de solides équipes et au maintien de leur niveau. Nous nous sommes assis avec John pour discuter de sa philosophie au sujet de l’importance de l’encadrement par un entraineur et de ses idées pour former la prochaine vague d’entraineurs qui contribueront à la réussite du Canada dans l’eau.

NC : Quelle est l’importance de l’encadrement par un entraineur dans la réussite de nos nageurs et nageuses ?

JA : L’encadrement par un entraineur fait toute la différence, et Natation Canada a considéré la formation des entraineurs comme un élément très important au cours des deux derniers cycles olympiques, pour Rio 2016 et Tokyo 2020, et gardera la même approche pour Paris 2024 et Los Angeles 2028.

NC : Quel rôle jouent les programmes de clubs et les associations provinciales dans la formation des entraineurs et le développement des nageurs et nageuses ?

JA : Tant de gens, y compris les entraineurs, ont une influence sur un jeune nageur ou une jeune nageuse tout au long de son parcours et jusqu’à sa destination finale, les Jeux olympiques ou paralympiques. Tous les athlètes de nos équipes couronnées de succès à Tokyo 2020 ont commencé par nager au sein de programmes de clubs du pays. Les nageurs ont commencé par apprendre à nager, puis se sont joints à un programme de club. Ils ont ensuite progressé d’un groupe d’entrainement à un autre au sein de leur club et ont appris les rudiments de la compétition. À chacune des étapes, un entraineur et même un groupe d’entraineurs ont aidé l’athlète à se développer.

Les associations provinciales mettent en œuvre les programmes de développement pour les nageurs et entraineurs. En fin de compte, ces programmes donnent l’occasion à des athlètes et des entraineurs de participer au programme de l’équipe nationale de développement et de représenter le Canada à des compétitions internationales comme les Championnats du monde juniors de la FINA ou les Championnats panpacifiques juniors. Plusieurs de ces nageurs accèdent ensuite à l’équipe sénior et sont encadrés par des entraineurs au sein des programmes de clubs, d’équipes universitaires canadiennes ou américaines, aux centres de haute performance de Natation Canada ou dans des académies de la relève.

Si bon nombre d’athlètes n’ont pas l’occasion de représenter leur nation, ils seront encadrés par des entraineurs qui les aideront à atteindre leur potentiel, tout cela, bien sûr, en profitant des plaisirs du sport, en tissant des liens d’amitié, en s’engageant dans la communauté et en apprenant à travailler en équipe et à persévérer.

NC : Six entraineurs ont été nommés au sein du personnel de l’équipe olympique, mais combien d’entraineurs, selon vous, ont contribué aux performances incroyables du Canada là-bas ?

JA : Au total, nous considérons que 46 entraineurs ont joué des rôles importants dans le parcours des 26 nageurs qui ont représenté le Canada aux Jeux olympiques. Nous avons établi la liste d’entraineurs en donnant la possibilité à chaque athlète de nommer, en plus de son entraineur actuel, son entraineur précédent ainsi que l’entraineur qui le dirigeait lors de sa première participation à des championnats séniors ou à des essais au Canada. Nous sommes conscients que bien plus d’entraineurs ont également été mobilisés durant les étapes du parcours, et c’est la preuve qu’il faut plusieurs entraineurs pour développer nos nageurs et nageuses.

NC : Quelle est l’importance de la reconnaissance et la formation des entraineurs ?

JA : La formation des entraineurs est un facteur décisif pour Natation Canada. Nous avons fait des investissements considérables en ressources et en temps à cet égard, et nous les maintiendrons en place pour Paris 2024 et Los Angeles 2028.

Depuis 2014, 155 entraineurs ont collaboré au programme olympique, que ce soit au sein d’équipes, à l’occasion de camps ou pour les programmes de développement.

Pour la prochaine année, nous avons prévu une mise à jour virtuelle en février et une conférence en personne en septembre pour les entraineurs brevetés, en plus des mises à jour sur lesquelles nous avons travaillé avec l’Association canadienne des entraineurs de natation (ACEN) et qui visent tous les entraineurs.

NC : Quelle est la procédure de sélection pour les entraineurs des équipes nationales ?

JA : Tous les membres des équipes qui représentent le Canada à des jeux ou des championnats sont sélectionnés ou recommandés en vertu de critères approuvés par le comité de sélection de Natation Canada avant leur publication. Tous ces documents couvrent non seulement la sélection de tous les nageurs, mais aussi celle de tous les entraineurs.

Les critères de sélection et de nomination définissent clairement l’admissibilité d’un entraineur. Ils comprennent les qualifications, les formations reçues et les adhésions nécessaires. Ils précisent également que le directeur de la haute performance a le pouvoir de nommer les entraineurs, un élément qui a été très important au cours des deux derniers cycles olympiques (Rio 2016 et Tokyo 2020).

NC : Que recherchez-vous chez un entraineur d’une équipe nationale ?

JA : En premier, nous regardons les performances des athlètes d’un entraineur qui sont sélectionnés au sein de l’équipe pour des épreuves individuelles. Nous accordons une priorité aux athlètes les plus susceptibles de gagner des médailles et les entraineurs qui travaillent au Canada.

Il est essentiel d’avoir les bons entraineurs et le bon personnel en place pour soutenir les attentes de l’équipe en matière de performance. Au bout du compte, il n’est pas possible pour chaque athlète d’être encadré par son propre entraineur aux Jeux ou à des championnats. La sélection des entraineurs dépend souvent de la taille maximale de l’équipe, des budgets et du nombre d’accréditations.

Nous voulons des entraineurs qui sont capables de communiquer avec les entraineurs personnels des athlètes et qui apportent des compétences variées. Nous voulons un groupe équilibré d’entraineurs capables de travailler avec les nageurs de vitesse, de demi-fond et de distance. Mais surtout, nous voulons des personnes disposées à travailler dans un environnement d’équipe propice au soutien et à respecter les protocoles, le code de conduite et la culture de l’équipe.

NC : On dénote d’une sous-représentation des femmes dans des postes d’entraineurs-cadres. Quelles sont les actions posées pour créer plus d’occasions pour les entraineures ?

JA : Nous avons atteint l’égalité hommes-femmes au sein du groupe d’entraineurs élites au cours des dernières années, ce qui représente une avancée importante dans la formation de tous les entraineurs. En 2021, ce groupe a tenu des activités uniquement en mode virtuel, ce qui a permis d’élargir le groupe jusqu’à inclure éventuellement 38 entraineurs (19 femmes et 19 hommes) pour une série de présentations et d’ateliers offerts entre mars et août. Le groupe continuera d’être une occasion importante pour la formation des entraineurs par Natation Canada.

Natation Canada a été ravi d’appuyer le programme de stages pour entraineures par l’entremise de Jeux du Commonwealth Canada et de la Fédération des Jeux du Commonwealth. Le programme a permis à Natation Canada de nommer Tina Hoeben au sein de l’équipe de Natation Canada en vue de la participation aux Jeux du Commonwealth de 2018 à Gold Coast, en Australie. Depuis les Jeux, Tina a été choisie comme mentore par Jeux du Commonwealth Canada et Natation Canada. Dans ce rôle, elle agit auprès d’entraineures prometteuses choisies à la suite d’un processus de candidatures, dont Zoe Miles de Sackville, en Nouvelle-Écosse, qui en est à l’an 1 du programme, et Sierra Moores de Vancouver, qui en est à sa deuxième année.

Toutes ces occasions complètent le travail de formation des entraineures d’À nous le podium et son programme de perfectionnement des entraineurs ainsi que d’autres occasions de formation sur mesures.

NC : Quelles sont les autres occasions à venir en formation des entraineurs ?

JA : Nous aurons plus de renseignements à donner en ce qui concerne les activités du programme de formation des entraineurs de Natation Canada pour 2022.

Natation Canada est aussi en train de travailler à la création d’une certification « entraineur accrédité de l’équipe nationale ». Cette certification expliquera comment la natation fonctionne sur la scène internationale et les rôles des organismes clés comme le Comité olympique canadien et le Comité international olympique. Elle couvrira également les processus de qualification et, plus important encore, le fonctionnement de l’équipe nationale sénior durant les séances d’entrainement. Ces thèmes coïncident avec notre désir de nous améliorer continuellement et de créer un milieu inclusif au sein de toutes nos équipes qui soutient les athlètes et le personnel et les aide à réaliser leurs meilleures performances. Éventuellement, cette certification sera exigée de tous les entraineurs de l’équipe. Nous aurons d’autres étapes de consultation, de planification et de communication avant de la mettre en œuvre.

Finalement, nous continuerons notre excellente collaboration avec l’ACEN et nous ferons passer nos occasions d’apprentis entraineurs au sein de nos équipes à des rôles d’entraineurs adjoints. La portée de cette occasion dépend toujours du nombre d’accréditations permis et de la durée de la tournée. Mais nous aurons plus de détails en 2022.