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Célébration du Mois de l’histoire des Noirs : faites connaissance avec Joshua Liendo

Articles de fond –

En l’honneur du Mois de l’histoire des Noirs, Natation Canada prend le temps de célébrer les contributions et les réalisations des nageurs et des entraineurs canadiens noirs de notre communauté. Nommé pour la première fois au sein de l’équipe nationale en 2019, Joshua Liendo a fait ses débuts olympiques l’été dernier à Tokyo 2020. Il a récemment fait un pas de géant aux Championnats du monde de la FINA de 2021 (25 m) tenus à Abou Dhabi en décembre, où il a remporté le bronze aux épreuves de 50 m et de 100 m libre et a aidé le Canada à remporter l’or au relais 4 x 50 m libre mixte. Nous nous sommes entretenus avec le natif de Scarborough, en Ontario, qui a passé une partie de son enfance à Trinité avant de revenir au Canada et de devenir l’un des meilleurs nageurs du pays.

les autres enfants ne voulaient pas mettre la tête dans l’eau, mais moi, je me disais : « C’est parti. »

Comment avez-vous commencé à nager ?

J’ai grandi dans les Caraïbes et on envoie tout simplement les enfants d’âge maternelle apprendre à nager. On vit sur une île, c’est comme ça que ç’a commencé. Je suis allé dans l’eau, je n’avais pas peur de l’eau et je m’amusais. L’un des entraineurs pensait que mes parents devraient m’inscrire en natation. Il a dit : « Il a l’air à l’aise. » Je suppose que les autres enfants ne voulaient pas mettre la tête dans l’eau, mais moi, je me disais : « C’est parti. » J’ai pris des leçons et à partir de là, j’ai commencé à grandir et à apprendre ce sport.

Quelles autres activités avez-vous déjà pratiquées ?

J’ai toujours fait de la natation, mais la musique est arrivée sur ma route en quelque sorte. J’ai commencé à prendre des leçons, quand j’avais peut-être 13 ou 14 ans, juste pour la guitare. Et, à l’école, j’ai appris à jouer du violon. Du violon, je suis passé au violoncelle. Puis, au secondaire, juste parce que j’étais grand, on m’a fait essayer la contrebasse parce que tous les autres étudiants étaient trop petits. Je pense que j’aurais été meilleur au violoncelle parce que c’est l’instrument que je préférais, mais ils m’ont demandé de jouer de la contrebasse. J’ai une guitare basse et une guitare acoustique. Je joue plus souvent ces derniers temps. Quand je n’ai rien à faire et que je m’ennuie, je gratte et je joue quelques fois par semaine.

Qu’en est-il d’autres sports ?

J’aime jouer au football. Dans le fond, c’est mon sport préféré. Je regarde un peu le baseball, c’est plutôt le truc de mon père, mais j’en regarde un peu. Je n’ai jamais vraiment joué dans une équipe de football, mais j’ai joué un peu au flag football (football fanion) au secondaire et un peu au basket, mais je n’ai pas pu faire partie de l’équipe à cause de la natation. Je parle encore à l’entraineur de basketball de l’une de mes anciennes écoles. C’est drôle, mais quand j’ai commencé à m’améliorer en natation au secondaire, je me suis concentré sur la natation à ce moment-là et elle est passée au premier plan.

Y a-t-il un moment où vous avez réalisé que vous pourriez vraiment aller loin en natation ?

Quand j’avais 14 ans, lorsque j’ai inscrit mon premier record canadien de groupe d’âge. C’était au 100 m papillon, j’avais nagé en 54,76 secondes pour remporter l’or aux Championnats canadiens juniors de 2017 à Toronto. C’est là que j’ai commencé à penser en quelque sorte à essayer de participer à des championnats du monde et des choses comme ça.

Quels sont les objectifs que vous vous fixez en natation ?

J’ai assurément des objectifs en tête. Évidemment, je veux toujours gagner. Je veux toujours gagner l’or. C’est le genre de personne que je suis, j’ai toujours cette mentalité. J’ai l’impression que si on n’a pas cette mentalité de gagner ou d’être le meilleur, on perd son temps. Chacun le fait pour des raisons différentes, mais pour moi, dans ma tête, je veux être le meilleur possible.

Vous avez aidé à remporter une médaille d’or aux derniers championnats du monde en petit bassin. Le réalisez-vous ?

J’y pense en ce moment, je ne m’attendais pas à une médaille d’or. Regarder le tableau d’affichage et voir la médaille d’or et la mention « champion du monde », en y repensant, c’était un moment fou d’être au sommet de ce tableau et d’entendre cet hymne. Ça m’a vraiment donné envie d’en faire plus. Je l’ai fait en petit bassin. Maintenant, je veux être capable de le faire en grand bassin. Aux Jeux du Commonwealth [cet été à Birmingham, en Angleterre], je veux démontrer hors de tout doute que j’ai réussi et que j’ai fait ce que je voulais.

Vous êtes le premier nageur canadien noir à remporter une médaille individuelle à des championnats ou jeux d’envergure internationale, ainsi que le premier à remporter une médaille d’or. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Ça montre évidemment qu’il n’y a pas beaucoup de diversité dans notre sport. Tout le monde le sait, mais ça fait du bien de voir que lorsque vous êtes là, d’autres Noirs viennent vous dire « Bon travail » ou « Tu es le meilleur ». Ça fait du bien de donner l’exemple. J’ai regardé la compétition [les Internationaux juniors de l’Ontario] à la maison [en décembre 2021], et on voit plus de diversité et plus de couleurs dans notre sport, et c’est bien. J’espère pouvoir être un exemple et montrer que nous pouvons le faire.

Avez-vous eu de mauvaises expériences en raison de votre apparence ?

L’un des entraineurs avec qui j’étais [à Abou Dhabi], Greg [Arkhurst], est un entraineur noir et j’en ai discuté avec lui. C’était bien qu’il soit là et nous avons parlé du fait qu’on ne s’en rend pas compte, contrairement à ce que nous avons vu aux États-Unis. Ici, on n’y est pas confronté continuellement, c’est caché en quelque sorte. Quand je pense au passé, je vois évidemment que j’ai parfois été traité différemment en raison de mon apparence. Au fil des ans, et surtout récemment, j’ai réalisé que je devais simplement être moi-même. Je n’ai pas besoin de mettre un masque pour qui que ce soit. En fin de compte, si on est soi-même, on doit être heureux, même si ça déplait à d’autres personnes. Je dirais, aux jeunes qui se lancent dans ce sport, que si les gens n’aiment pas qui vous êtes, ça n’a pas d’importance. Vous serez plus heureux si vous êtes vous-mêmes.

Avez-vous un modèle que vous admirez ?

Allen Iverson, c’est mon gars. Je l’ai toujours regardé, comment il était différent et controversé. Il était différent, mais il l’assumait et il s’en fichait. Il faisait ses petites affaires, et c’est une chose pour laquelle je le respecte beaucoup.

Qu’est-ce que vous aimez dans la natation ?

J’aime travailler et voir les résultats de mon dur labeur.

J’aime la compétition en général. J’aime la compétition, je suis quelqu’un de très compétitif, donc c’est ce que j’aime le plus. J’aime me dépasser. Je pense que j’aime simplement travailler, c’est ce qu’on fait en natation. J’aime travailler et voir les résultats de mon dur labeur.

Êtes-vous compétitifs au sein de l’équipe nationale ?

À mes premiers championnats du monde, Yuri [Kisil] avait apporté sa Switch. Nous jouions à un jeu appelé Super Smash Bros et je m’enflammais lorsque j’y jouais. J’ai certainement eu de bons moments.

Que souhaitez-vous pour l’avenir de notre sport ?

Nous devons rendre la natation un peu plus excitante. Je ne sais pas comment nous allons nous y prendre, mais nous devons nous développer, faire en sorte que les gens s’amusent davantage en la regardant et, en retour, aider les athlètes. Les nageurs ne gagnent pas autant d’argent que les basketteurs, mais nous pouvons certainement rendre ce sport plus accessible aux médias.

Quelle est la prochaine étape pour vous ?

Je suis monté sur le podium aux mondiaux. Je veux continuer à monter sur ce podium, continuer à me battre, et je veux évidemment voir si je peux gagner une médaille d’or [individuelle] un jour. En gros, c’est mon objectif quotidien. Je regarde les gens qui sont au sommet et je vois ce que je peux faire pour y arriver.

 

N.B. L’entrevue a été éditée pour des raisons de longueur et de clarté.