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Maitre nageuse de 98 ans : une inspiration pour tous

Articles de fond –

Par Rita Mingo

CALGARY – Tout le monde à la piscine la connait en tant que Betty.

Pas besoin de nom de famille ou d’aucune autre information.

Betty Brussel, qui a compétitionné lors des Championnats canadiens des maitres Speedo 2023, est l’inspiration de tous. Une femme de 98 ans (elle aura 99 ans en juillet) qui est aussi à l’aise dans l’eau qu’à l’extérieur de l’eau et dont les exploits ont atteint le statut de légende.

La plupart des gens, s’ils vivent aussi longtemps, ont de la difficulté à effectuer les tâches les plus banales. Brussel, cheveux blancs dépassant de son casque jaune, monte sur le bloc et quand le signal de départ résonne, elle plonge et fait ce qui lui apporte tant de joie, de la même façon que les nageuses plus jeunes dans les couloirs à côté d’elle.

Originaire des Pays-Bas, Brussel fait partie d’une fratrie de 11 enfants qui ont tous appris à nager dans les canaux d’Amsterdam. Elle est arrivée au Canada en 1959 avec sa famille et réside maintenant à New Westminster, en Colombie‑Britannique.

« J’ai toujours nagé pour le plaisir », explique Brussel qui avoue elle‑même avoir commencer sur le tard.

« Mais j’ai vraiment commencé à nager quand j’avais 68 ans. Quand on immigre au Canada, on doit s’établir, alors j’ai toujours travaillé. Quand j’ai pris ma retraite, j’ai déménagé à Grand Forks et une nouvelle piscine avait été construite et nous avons commencé à nager là et je me suis qualifiée pour les jeux provinciaux séniors.

« Ça fait 30 ans que je nage là-bas. La première fois que j’ai fait les jeux séniors, j’ai seulement réussi à nager une journée. J’ai fait de la brasse et je ne l’ai même pas fait correctement. Alors j’ai appris avec les filles dans la piscine, les gens qui me donnaient des conseils. »

Écoutant bien ces conseils, Brussel a commencé à gagner des médailles, et plus encore, dans les compétitions qu’elle faisait. Malgré une crise cardiaque, des os cassés et une épaule déchirée, elle a continué à pratiquer le sport de son choix.

Elle a perdu son mari, Gerrit, avec qui elle était depuis presque 65 ans, et on peut seulement imaginer à quel point il serait fier de son épouse.

« J’ai beaucoup de médailles et autres trucs, mais d’arriver à le faire, c’est la chose la plus importante, » précise-t-elle. « Nager devrait être plaisant; ça ne devrait pas être une tâche. Quand je suis dans la piscine, j’oublie mes soucis, je me sens juste vraiment bien. »

Deux fois par semaine, Brussel nage à Surrey, pour environ 50 minutes ou jusqu’à ce qu’elle se fatigue. Et même, elle se conduit elle-même à la piscine.

« C’est beau l’eau, c’est beau la natation, » dit-elle. « Les gens sont aussi très gentils. Tout le monde est amical. Je deviens un peu gênée avec toute cette attention, parce que je n’y suis pas habituée. Je suis tellement chanceuse d’être en santé.

« Je me sens très privilégiée. Quand je ne nage pas, je marche. J’habite en bas d’une côte et je la monte lentement et je la descends rapidement, pendant environ 40 minutes. »

Dans ses passetemps, elle ne fait pas que du sport.

« J’habite seule, alors je m’occupe de moi-même, » explique-t-elle. « Je lis beaucoup, et je fais de la broderie, du point croisé. Je garde la maison propre. Je fais pousser des tomates et des fleurs sur mon petit balcon. »

Elle a également trois enfants et petits-enfants.

« Nous nous réunissons chaque dimanche, mentionne-t-elle à propos de ses enfants, et nous préparons le souper à tour de rôle. Toutes les quelques semaines, je les reçois puis je vais chez eux. Nous jouons aux cartes et nous passons un bon moment. »

Lors de la journée d’ouverture des Championnats canadiens des maitres Speedo 2023 au centre communautaire et sportif MNP, Brussel a participé au 200 m libre féminin. Le samedi, elle a nagé le 400 m et le 100 m libre.

Le dimanche, son troisième jour de compétition, Brussel a terminé le 50 m libre en 1:14.89, puis a enchainé avec le 50 m brasse en 1:59.39, suscitant encore une fois la plus grande acclamation dans le centre. Elle avait prévu de faire également le 800 m, mais elle a avoué se sentir un peu fatiguée et s’est retirée de l’épreuve.

Personne ne peut lui en vouloir pour ça.

Elle était également parmi les trois athlètes et entraineurs à recevoir des honneurs lors de cette compétition. Elle s’est vue décerner le prix d’Excellence en natation pour ses excellents résultats continus au plus haut niveau de compétition de natation des maitres.

« Tout le monde me connait, dit-elle en souriant et en haussant des épaules, mais ce n’est pas ça la chose la plus importante. C’est d’être en santé et d’avoir du plaisir. Je pense qu’on m’a donné ces années supplémentaires… Je devrais en profiter. »