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Ackman et d’autres vétérans ont su profiter d’une période hors des bassins

Articles de fond –

Par Jim Morris

Être sa plus grande critique a poussé Aly Ackman hors de la piscine.

Peu importe ce que la native de Pembroke, en Ontario, faisait, elle avait l’impression que ce n’était jamais assez bien. Ainsi, lorsqu’elle n’a pas réussi à se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio 2016, Ackman a décidé qu’elle en avait fini avec la compétition.

Ce n’est que quelques années plus tard, alors qu’elle aidait à entrainer une équipe de natation d’une école secondaire près de Philadelphie, qu’Ackman a compris que le problème était mental et non physique.

« Je traversais des problèmes de santé mentale qui me rendaient presque cruel envers moi-même », a déclaré Ackman. « À l’entrainement, rien n’était assez bon. On le voit souvent chez les athlètes, on se met tellement de pression. »

Ackman a fini par comprendre qu’elle ne s’était pas donné une chance équitable de décrocher une place au sein de l’équipe olympique.

« Pour être honnête, je savais que je n’allais pas faire l’équipe des mois à l’avance, parce que (le problème de santé mentale) avait fait boule de neige », a-t-elle déclaré. « J’ai eu le sentiment de ne pas avoir réussi, non pas parce que je n’ai pas essayé de réussir, mais parce que je n’ai pas été capable d’essayer. Je n’étais pas à mon meilleur niveau. »

Avec le soutien de son mari, Luke Synnestvedt, et des entraineurs de la Germantown Academy, située juste au nord de Philadelphie, Ackman a pris la décision de reprendre la natation en février 2018. Elle arrive aux Essais olympiques, présentés par Bell, rafraîchie physiquement et mentalement.

Le retour d’Ackman est construit sur des bases solides.

« Pas de regrets, pas de retenue, saisir toutes les occasions », a déclaré la diplômée de Penn State. « Et toujours s’amuser. »

« Je pense que c’est ce qui manquait en 2016, j’avais toute cette pression pour réussir. J’étais tellement axée sur les résultats que j’ai perdu de vue le processus. C’est comme ça qu’on s’amuse le plus et qu’on a le plus de chances de réussir. »

Ackman est l’une de plusieurs nageurs et nageuses participant aux Essais du 19 au 23 juin au Centre sportif panaméricain de Toronto qui sont sortis de leur retraite ou pour qui ce sera probablement la dernière chance de participer à des Jeux.

Brent Hayden, 37 ans, a pris sa retraite après avoir remporté une médaille de bronze au 100 m libre aux Jeux olympiques de Londres 2012. Il a repris l’entrainement au centre de haute performance de Vancouver en 2019 avec l’objectif de participer aux Jeux olympiques de Tokyo.

Jeremy Bagshaw, 29 ans, qui suit des cours de médecine à l’université de Limerick en Irlande, et Richard Funk, 28 ans, qui s’entraine au centre de Vancouver, sont tous deux des vétérans de plusieurs équipes nationales qui tentent de se qualifier pour leurs premiers Jeux olympiques. Rachel Nicol, finaliste des Jeux olympiques de Rio 2016, 28 ans, de Lethbridge en Alberta, tentera de réintégrer l’équipe nationale après trois ans d’absence.

Katerine Savard faisait partie du relais 4×200 m libre qui a remporté une médaille de bronze et battu le record canadien à Rio. En 2018, elle a fait une pause de natation de cinq mois.

« Tout était assez pénible, rien ne se passait bien », a déclaré Savard, 28 ans, qui s’entraine au club CAMO à Montréal avec l’entraineur Claude St-Jean. « J’avais juste besoin d’une pause mentalement et physiquement. »

« C’est la meilleure chose que j’ai faite. Et c’est probablement pourquoi je suis encore dans la piscine aujourd’hui. »

Il a fallu du temps à Savard pour se recentrer après avoir remporté sa médaille à Rio.

« Toute ma vie, j’ai rêvé de gagner une médaille olympique », a-t-elle déclaré. « Une fois que c’était fait, je n’avais plus de rêve, je ne savais pas pourquoi je nageais encore. »

« Quand je suis revenue, je me suis assise avec mon entraineur et il m’a fait comprendre que je devais trouver un autre rêve. Je pense que je suis encore là parce que j’en ai trouvé un, celui de gagner ma place sur l’équipe olympique pour la troisième fois. »

En 2019, Savard a fait partie des relais 4×200 m et 4×100 m libre féminins qui ont décroché l’argent et le bronze aux Jeux panaméricains de Lima.

Elle a également joué le rôle-titre dans le film « Nadia, Butterfly », qui a été nommé sélection officielle de Cannes 2020.

« C’était incroyable », a déclaré Savard à propos de tourner le film. « C’était une expérience différente, mais que je referais. »

« J’ai vraiment aimé ça. »

Lors des Essais canadiens de natation 2019, Ackman a réussi ses meilleurs temps personnels lors des préliminaires du 400 m et du 200 m libre. Elle a terminé en quatrième et cinquième position lors des finales pour se qualifier pour les Jeux panaméricains, sa première équipe nationale depuis 2015.

À Lima, elle a nagé dans les mêmes équipes de relais que Savard. Elle a également remporté le bronze au 400 m libre.

Ackman a passé la dernière année à s’entrainer au club de natation de Pointe-Claire avec l’entraineur Martin Gingras. Elle s’entretient régulièrement avec Dani Wilson, son coach en performances sportives, qui vit à Vancouver.

L’un des aspects les plus difficiles de l’année écoulée est que, en raison de la COVID-19, son mari, consultant en cybersécurité, a été contraint de rester à Philadelphie.

Avec l’aide de son entraineur, de son mari et de son entourage, Ackman aborde les Essais de cette année avec une attitude différente.

« Je vais avoir mon équipe de soutien à mes côtés », a-t-elle déclaré. « Je pense qu’avoir cet état d’esprit va m’aider à réussir, que je fasse l’équipe ou non. »

« Je pense que j’ai tiré le maximum de la natation. Je réalise que ce n’est pas vraiment une question de médailles ou d’équipes, mais plutôt d’expériences. Dans la dernière année, il y a eu beaucoup de sacrifices et beaucoup de travail. J’ai tellement hâte à la compétition. »